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JEAN-JACQUES ROUSSEAU
SA VIE ET SES OUVRAGES.


XI.[1]

ROUSSEAU ET L’ÉMILE.


I. — L’ÉDUCATION DOMESTIQUE ET L’ENFANT SELON ROUSSEAU.


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I.

L’éducation naturelle, c’est-à-dire l’éducation du sauvage, qui serait la meilleure, est impossible dans la société actuelle, Rousseau le reconnaît ; l’éducation publique, selon Platon, qui serait fort bonne, est impraticable aussi. Que reste-t-il donc à faire ? Une éducation qui suive la nature de loin, ne pouvant pas la suivre de près, qui s’en rapproche autant qu’il est possible, une éducation enfin qui du bourgeois refasse un homme. C’est là, ne l’oublions pas, la façon dédaigneuse dont Rousseau exprime le problème qu’il veut résoudre dans l’Émile.

Cette expression dédaigneuse ne nous empêche pas de reconnaître ici le procédé habituel de Rousseau, qui est de commencer par le paradoxe pour arriver au lieu-commun. Ainsi, à prendre les premières pages de l’Émile, il n’y a de bon que l’éducation de la nature ou l’éducation de la République de Platon, et il faut, pour élever un enfant, commencer par détruire la société ou par la refondre ;

  1. Voyez les livraisons du 1er janvier, 15 février, 1er mai, 1er août, 15 novembre 1852, 15 juin, 15 septembre, 1er octobre 1853, ler août et 15 septembre 1854.