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chaleur et comme lumière. C’est encore ainsi que l’air dans lequel on ne fait pas des mouvemens trop brusques cède et se laisse déplacer de manière à être non perceptible à nos sens, tandis que, s’il est mis en vibration sonore, il nous apporte la sensation des instrumens de musique, de la voix, et en général de toutes les mille vibrations qui viennent l’agiter.

Quant à la santé des animaux, il ne semble pas qu’elle soit soumise aux mêmes influences que celle de l’homme. Ainsi, dans les marais pontins et dans la campagne de Rome, exposés à la mal-aria, les buffles et les autres animaux ont un air de prospérité qui ne laisse aucun doute sur leur excellent régime hygiénique. Pourtant les animaux sont sujets, comme nous, à des mortalités sans causes apparentes. Après l’époque du choléra de 1832, la même maladie dépeupla les basses-cours et sévit particulièrement sur les dindons. Les moutons sont sujets à de fréquentes épizooties. Tout le monde a lu la description de la peste des animaux dans Virgile. Enfin j’ajouterai que dans les essais d’acclimatation tentés au jardin de Batavia, après qu’on avait couvert des hectares entiers de vers à soie, une maladie épizootique les faisait périr presque tous, et les ramenait forcément à une espèce d’équilibre que la nature semble avoir établi, et dont on n’enfreint pas impunément les lois. S’il en était autrement, une race aurait depuis longtemps envahi tout le globe, elle y vivrait seule, à peu près comme les plantes sociales dans certaines contrées du globe, d’où elles excluent toute autre végétation.

Cependant on peut présumer que les animaux ne périssent pas par des influences aussi subtiles que celles qui frappent l’homme, et cela tient peut-être à ce que leur organisation nerveuse est bien inférieure au système nerveux humain. Il semble qu’on a toujours reconnu dans les épizooties quelles étaient les influences de nourriture, d’habitation, de régime, qui avaient amené ces mortalités. La conclusion de tout ceci sera que nous savons encore bien peu de choses sur les influences physiques qui déterminent les épidémies, et que nous ne savons rien du tout sur l’influence cholérique.

Si de la santé des animaux nous passons à la santé des plantes, c’est-à-dire à leur culture utile, nous sommes en plein dans le domaine de la météorologie. Plus tard, et à mesure que les circonstances en amèneront le besoin ou le désir, j’essaierai de faire connaître tout ce que l’agriculture doit à l’excellent livre de M. le comte de Gasparin; ici il ne sera question que de météorologie.

Les plantes, privées de la faculté de se transporter d’un lieu dans un autre, naissent, croissent et meurent au même lieu. Pour elles, point de migrations, point d’influences climatologiques à éviter ou à rechercher. La chaleur, l’humidité, la sécheresse, la pluie et tous les météores agissent donc sur elles immédiatement; mais c’est surtout la chaleur du soleil et l’arrosement de la pluie, ou plus poétiquement, si l’on veut, l’eau et le feu, qui déterminent leur croissance et leur fructification. La plus importante des plantes, celle que Cérès donna aux humains, ce produit hâtif de l’été qui nourrit tous les habitans des zones tempérées, nous servira d’exemple. Le blé et les autres céréales, telles que le seigle et l’orge, exigent une certaine quantité de chaleur