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n’a fourni presque aucune ressource nouvelle aux besoins croissant des populations. Nous vivons sur les espèces fort peu nombreuses que l’art des anciennes sociétés a réunies. La découverte du Nouveau-Monde ne nous a encore donné que quatre espèces domestiques dont la principale est le dindon, et cependant les hôtes primitifs de cette partie de la terre s’effacent chaque jour sous les pas de l’homme et reculent devant la civilisation qui s’avance. Il est temps que la science se préoccupe des besoins matériels de la société et qu’elle avise à les satisfaire dans la mesure de ses moyens. Le règne animal, pris au point de vue économique, représente une somme de services ; cette somme est susceptible de s’accroître ou de diminuer selon que l’art dirigera sur les espèces domestiques une action plus ou moins efficace. Beaucoup des races sauvages restent à conquérir, beaucoup des espèces conquises restent à perfectionner. Les animaux domestiques, ces monuments de la civilisation pétris dans la chair, sont des ouvrages inachevés. L’Angleterre a montré ce que pouvait l’art d’améliorer les races ; elle a montré par quelle voie on parvenait, avec la même matière sous la main, à faire de nouveaux instruments de travail et de nouveaux moyens de subsistance. Agir ainsi, c’est accroître le capital social des nations. La richesse économique est toujours conquise sur la nature ; mais en se donnant pour auxiliaire le règne animal, l’homme intéresse au dénouement de cette lutte les alliés que la nature elle-même lui fournit ; il les dirige, il les cultive, il augmente leurs forces, et au bout de cette œuvre opiniâtre il récolte du champ de la vie ce qu’il y a semé.

A. ESQUIROS.