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roubles-argent, et il est maintenant (16-28 septembre) de 146,563,000 roubles, représentant plus de 42 pour 100 de la masse totale des billets en circulation et dans les caisses de l’état (345,927,000 roubles), ce qui excède de beaucoup la proportion nécessaire en Russie pour assurer la circulation de la monnaie fiduciaire, car une longue expérience a prouvé qu’en Russie, à moins d’augmenter outre mesure les émissions, un cinquième, voire un sixième de la masse totale du papier en circulation affecté à la dotation des caisses d’échange suffirait, au besoin, pour en maintenir le cours[1], d’autant plus que les mines d’or et d’argent jettent chaque année dans la circulation plus de 20 millions de roubles (80 millions de francs), qui affluent en majeure partie au fonds de réserve métallique pour être convertis en billets de crédit, et remplacent le numéraire employé à l’échange de ce même papier-monnaie.

6° Pages 742 et 743. « Il ne faut pas oublier que le rouble de papier, qui avait, dans le principe, la valeur du rouble-argent, soit 4 francs de notre monnaie, a été successivement déprécié par des émissions surabondantes jusqu’à perdre 75 pour 400. Le rouble de papier ne vaut plus aujourd’hui que 1 franc; encore un pas de plus, et cette monnaie fiduciaire aura le sort des assignats. »

Nous ne savons pas de quel rouble de papier il est question dans ce passage. L’ancien papier-monnaie, connu sous le nom d’assignats, n’existe plus dans la circulation, et ce n’est que dans quelques provinces qu’on a conservé l’habitude de faire les comptes en roubles-assignats, représentant les deux septièmes d’un rouble-argent. Il n’y a plus en Russie d’autre papier-monnaie que )es billets de crédit, qui sont pour ainsi dire des billets au porteur, échangeables à volonté en numéraire, et qui circulent au pair dans toute l’étendue de l’empire. Que veut donc dire cette phrase ? « Le rouble de papier ne vaut plus aujourd’hui que 4 franc; encore un pas de plus, et cette monnaie fiduciaire aura le sort des assignats. » Il y a ici évidemment erreur ou confusion dans les données sur notre circulation monétaire.

7" Page 743. « Le revenu public de la Russie était évalué par les statisticiens, il y a quelques années, à 600 ou 650 millions de francs, en y comprenant le produit des lavages aurifères de la Sibérie et de l’Oural. Les recettes du trésor n’ont pas dû faire des progrès très-sensibles dans ces contrées, où le système prohibitif contribue, autant peut-être que le servage des cultivateurs, à rendre la richesse stationnaire. Il n’en est pas de la Russie comme de l’Autriche, où la réforme administrative a porté le revenu, en quelques années, de 164 millions de florins, point culminant de l’ancien état de choses en 1846, et de 122 millions de florins, chiffre qui exprimait

  1. Les anciens assignats n’auraient jamais essuyé la dépréciation qu’ils ont successivement éprouvée, si on avait eu pour les caisses d’échange un fonds métallique équivalent à un cinquième ou à un sixième de la masse du papier en circulation. Or la réserve métallique actuelle est encore de plus de deux cinquièmes. Il s’est produit dans l’histoire de la dépréciation du papier-monnaie en Russie un fait très remarquable, c’est qu’au milieu des progrès de la guerre d’invasion en 1812, pendant qu’on ne pouvait changer les assignats aux caisses publiques que contre la monnaie de cuivre, le cours de ce papier a monté de plus d’un pour 100. Il était de 23,8 pour 100 au mois d’avril, et de 24,9 pour 100 au mois de décembre. «