Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 10.djvu/1233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MENANDRE




LA COMEDIE DE MOEURS EN GRECE.
I. Essai historique et littéraire sur la comédie de Ménandre, par M. Benoît. — II. Ménandre, étude historique et littéraire sur la Comédie et la Société grecques, par M. Guillaume Guizot.





Depuis que la littérature a été considérée, d’après une définition célèbre, comme l’expression de la société, une veine nouvelle, et qui ne sera pis épuisée de longtemps, s’est ouverte aux études historiques. La littérature, pour les nations qui en ont une, — et celles-là sont assurément les plus importantes à connaître, — est devenue, non plus seulement un monument de leur génie, mais un document essentiel sur leur vie et sur leurs progrès. On s’est donc attaché, dans les études littéraires de notre temps, à replacer toujours les écrivains dans le milieu qui les avait formés, et qu’ils avaient à leur tour contribué à modifier par leur influence individuelle. Il a fallu définir ce qu’ils avaient reçu et ce qu’ils avaient donné ; l’histoire littéraire entrait ainsi dans l’histoire sociale comme partie intégrante, et aujourd’hui, si on les séparait, l’une et l’autre devraient nous paraître incomplètes, elles ne suffiraient plus aux exigences de notre esprit. Une première conséquence de cette signification attribuée à la littérature, c’est que l’histoire littéraire a eu aussi, comme l’histoire des événemens publics, sa suite et son développement continu ; les penseurs, les poètes, les artistes, ne sont plus, comme on les considérait autrefois, des hommes isolés dans la chaîne des temps ; ils se tiennent entre eux et dérivent les uns des autres comme les événemens