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FILS ET SUCCESSEURS
D’ATTILA


IV.
FIN DU SECOND EMPIRE HUNNIQUE.
FONDATION DES ETATS DE CROATIE, DE SERVIE ET DE BULGARIE.



I.

Après le féroce et grossier Phocas, devenue empereur par un assassinat[1], on voit apparaître sur le trône des Romains d’Orient la noble et mélancolique figure d’Héraclius. Il s’attache à ce nom je ne sais quoi de mystérieux et de fatal qui trouble l’historien dans ses jugemens, et le fait hésiter incertain entre l’admiration et la pitié. Héraclius destructeur de l’empire des Perses, Alexandre chrétien, libérateur des saintes reliques du Calvaire avant Godefroy de Bouillon, aurait été réputé grand entre les plus grands des césars ; Héraclius aux prises avec le mahométisme naissant, emporté par lui comme par une tempête, perdant tout dans ce naufrage, sa gloire de chrétien et de Romain, la moitié de ses provinces, son génie et presque sa raison, peut être proclamé sans contredit le plus malheureux de tous. Cette seconde partie de sa vie n’offre plus à l’historien

  1. Voyez, sur l’avènement de Phocas et la fondation du second empire hunnique, la Revue du 15 novembre 1854 ; voyez aussi sur les Fils et Successeurs d’Attila les livraisons du 15 juillet et 1er novembre 1854.