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brigadier de cavalerie. Le maréchal de Schomberg commandait en chef les travaux. On fit plus de six cents mètres de cheminement. — Le jeudi 11, la seconde garde fut commandée par le maréchal de La Feuillade. On avança beaucoup, et l’on fit des places d’armes. — Le vendredi 12, la seconde garde fut relevée par M. le duc de Luxembourg. Le soir, la garnison abandonna l’ouvrage du Noir-Mouton. — Le samedi 13, M. le maréchal de Lorges commandait la garde en chef. Le canon et les carcasses firent grand mal à l’ennemi: on insulta une redoute et l’on s’empara de l’inondation du faubourg Notre-Dame. L’ennemi brûla tout le faubourg de Cambrai. — Le dimanche 14, la garde fut montée sous le commandement de M. le maréchal d’Huinières, qui venait d’arriver. Le canon fit beaucoup de ravages, on construisit de grandes places d’armes. Les carcasses mirent le feu à plusieurs maisons ; elles étaient remplies de grenades et de canons de mousquet chargés de balles; leur feu brûlait dans l’eau et ne pouvait s’éteindre.

Jusque-là, l’ennemi n’avait pas fait de sortie; les travaux d’attaque étaient soutenus par des forces considérables de cavalerie. Quelques gardes françaises avaient été tués, on ne comptait que trois ou quatre officiers blessés, ils appartenaient au régiment du roi. Le 13, on continua de battre épouvantablement la ville depuis huit heures du soir jusqu’à minuit. Pendant ce temps, on jeta plus de cinq cents bombes, sans compter les boulets de canon, qui étaient aussi fréquens que la grêle. Avant la minuit, l’ennemi occupa la petite redoute ou tourelle des grands moulins du faubourg Notre-Dame. Toute cette nuit et le jour suivant, ce fut un triste spectacle de voir les bourgeois effrayés transporter leur famille et leurs meubles d’un bout de la ville à l’autre. Le 14 au matin, on députa un exprès vers M. le duc d’Aremberg, grand bailli du Hainaut et gouverneur de Valenciennes, résidant à Mons, « pour l’informer de l’état de la place et de la manière dont les assiégeans la traitoient[1] . »

La sixième garde fut montée, le lundi 15, par M. le maréchal de Schomberg, M. le duc de Villeroy, lieutenant-général; M. le prince palatin de Birckenfeld, de la maison palatine, maréchal de camp; M. le marquis de Montrevel, brigadier de cavalerie; M. le marquis de La Pierre, brigadier d’infanterie, et M. le marquis d’Arcy, aide de camp du roi. On arriva à moins de cinquante pas de la contrescarpe. M. de Sainte-Catherine, officier distingué d’artillerie, fut tué d’une balle au front, en regardant par une embrasure. Ce même

  1. J’emprunte ces détails au « Journal de Henry de Hennin, bourgeois de Vallentiennes, sur le siège de la ville emportée d’assaut par l’armée victorieuse de Louis XIV, roy de France et de Navarre, le 17 de mars 1677. » — Ce manuscrit est eu la possession de M. …, conseiller à la cour d’appel de Douai.