Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 10.djvu/719

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

astres le titre d’étoiles fixes à cause de leur petitesse presque infinie, Or, comparativement, nous voyons ces étoiles de fort près. Que serait-ce donc si nous les observions à la distance où sont les nébuleuses ? Leurs mouvemens ne seraient perceptibles qu’après des centaines de milliers de siècles. Combien donc de ces milliers de siècles ont dû s’écouler pour avoir eu le temps de produire avec des forces si faibles des effets si prononcés, et pour avoir disposé en Elles spirales toutes les étoiles d’une nébuleuse ! A ce point de vue, la découverte des nébuleuses spirales par lord Rosse nous étend l’univers en durée tout autant que les travaux de sir William Herschel et de sir John Herschel l’ont étendu en profondeur par leurs catalogues d’environ quatre mille nébuleuses. Ce nombre, avec le grand télescope d’Herschel, eût été sans doute dix fois aussi grand, et avec le télescope de lord Rosse, qui a six pieds anglais d’ouverture, si on le transportait vers le sommet des hautes régions des montagnes équatoriales, on peut présumer qu’on verrait la voûte céleste entière, plafonnée de nébuleuses, et ne laissant que de rares interstices sans matière perceptible.

Au reste, tout indique que l’univers, ou, pour parler plus exactement, cette portion de l’univers où nous sommes confinés, marche vers un degré de refroidissement ultérieur. L’hypothèse même de la formation des étoiles par une condensation et une réunion de la matière chaotique admet tacitement qu’un refroidissement graduel a permis à l’attraction universelle de réunir des élémens stellaires. C’est aussi en vertu de l’attraction devenue prépondérante par suite du refroidissement qu’ont dû s’opérer dans les étoiles toutes formées les traînées spirales qui les ont rapprochées en les faisant tourner autour du centre de gravité de l’ensemble. — Ainsi donc voici pour notre soleil les données d’où part Laplace. La matière des soleils, et spécialement celle du nôtre, s’est conglomérée en vertu d’une moindre chaleur ou refroidissement qui a permis aux particules disséminées de se réunir en une vaste masse enveloppée d’une atmosphère qui était d’autant plus étendue que la chaleur primitive était plus grande. La condition de la formation du soleil semble ainsi être identique avec l’idée de refroidissement de l’espace céleste, puisque si la chaleur, force essentiellement opposée à la condensation d’une masse gazeuse, n’eût pas été en faiblissant, on ne voit pas de raison d’admettre la condensation de la matière chaotique en soleils. Nous partirons donc avec Laplace de cette hypothèse d’un refroidissement graduel.

En plaçant l’origine de nos déductions au moment où le soleil formait une vaste masse tournante enveloppée d’une atmosphère que sa chaleur primitive maintenait très compacte, on voit qu’à mesure