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PEINTRES


ET


SCULPTEURS MODERNES


DE LA FRANCE.




DAVID ET L'ECOLE FRANCAISE
Louis David, son École et son Temps, par M. Delécluze





Un des symptômes qui révèlent le mieux l’état présent de notre école de peinture et le mouvement accompli dans l’opinion est le crédit à peu près égal que nous accordons à tous les talens, à tous les systèmes, quels que soient leur origine et leur drapeau. Certains noms que l’on ne prononçait autrefois qu’avec passion, certains principes qui soulevèrent tant de querelles de plume et de parole, nous laissent assez calmes aujourd’hui. Personne ne songe plus, en face d’un tableau, à prendre fait et cause pour des rivalités d’école ; en un mot, nous nous arrangeons de tout sans nous enthousiasmer précisément pour rien. Peut-être y a-t-il au fond de notre justice autant de lassitude et de scepticisme que d’impartialité réelle ; peut-être faudrait-il attribuer aux fautes et aux déceptions de tous les partis cette sorte d’accommodement et de bienveillance réciproque. Quoi qu’il en soit, le résultat a cela de bon, qu’il est permis maintenant de juger sans préventions de secte non-seulement les produits de l’art contemporain, mais aussi les œuvres appartenant au passé. Il y a vingt ans environ, au plus fort de la lutte, on s’attaquait à tels maîtres anciens comme à des ennemis présens. Rubens pour les uns,