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« Et ma conclusion est identique avec l’opinion universelle des Arabes. Ils disent : El horr iteba el fahal, le poulain suit l’étalon.

« Je conviens cependant que le meilleur produit est celui d’un père et d’une mère tous deux de race pure. Dans ce cas, c’est de l’or qui s’allie avec de l’or »

« Deuxième question. — Si du père ou de la mère l’un doit être d’origine commune, vaut-il mieux que ce soit le père, ou bien y a-t-il moins d’inconvéniens à ce que ce soit la mère ? »

« Voici ma réponse :

« Sachez que ces questions ont de tout temps occupé nos pères ; après de longues expériences, ils ont divisé la race chevaline en quatre grandes familles auxquelles, pour les distinguer, ils ont donné les noms suivans : le horr, le hadjine, le mekueref et le berdoune.

« Le horr est celui dont le père et la mère sont nobles. Il marche en tête.

« Le hadjine est celui dont le père est noble et la mère d’origine commune. Il est moins considéré que le horr, et son nom et hadjine (incomplet, défectueux) lui vient du mot houdjena (vice, défaut).

« Le mekueref est celui dont la mère est de sang pur et le père de sang mêlé. Bien qu’il s’approche du hadjine, il est loin de le valoir : son nom lui vient de karaf (mélange). Le hadjine lui est supérieur, comme l’homme dont le père est noble et la mère négresse est supérieur à celui dont la mère est noble et le père nègre.

« Le berdoune enfin est celui dont ni le père ni la mère ne sont nobles. C’est le cheval étranger à nos pays ; il est classé le dernier.

« Le fameux poète El-Tamimi a dit en parlant d’un étalon renommé : « Il est le produit de deux coureurs célèbres qui l’ont engendré, et dont il réunit à lui seul toutes les qualités. »

« Il a dit encore : « Voyez cet alezan fermé, à crins noirs (bai brun) ; il est incomparable de vitesse et de beauté, on reconnaît en lui la race de ses oncles paternels et maternels dont l’Arabie a tant parlé. »

« Le prix du cheval est dans sa race. »

« Troisième question. — On m’assure que les Arabes préfèrent la jument au cheval. Cette préférence provient-elle, ou des avantages qu’ils peuvent en retirer par la vente des produits, ou de ce que le poulain tient plus de sa mère que de l’étalon, ou enfin de ce que les services de la jument sont préférables à ceux du cheval ? »

« Voici ma réponse :

« Les Arabes préfèrent les jumens aux chevaux, cela est vrai, mais seulement pour les trois motifs suivans :