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PHYSIOLOGIE COMPARÉE





LES MÉTAMORPHOSES.






« Nos corps se transforment, a dit Ovide : ce que nous étions hier, ce que nous sommes aujourd’hui, nous ne le serons pas demain[1]. » Le chantre des Métamorphoses proclamait là une vérité bien plus profonde qu’il ne le croyait sans doute. Après trois siècles d’expériences et d’observations, la science moderne a confirmé de tout point les paroles du poète d’Auguste. Tout au contraire des corps inorganiques, pour lesquels l’immobilité est une condition de durée peut-être absolue, les êtres vivans n’existent qu’à la condition d’être le siège de mouvemens continuels. Mettez dans le plateau d’une balance un animal, un végétal quelconque, et cherchez à en déterminer le poids avec la rigueur que permettent d’atteindre nos instrumens perfectionnés. A peine parviendrez-vous à établir l’équilibre, et sitôt obtenu, cet équilibre se rompra comme de lui-même. Toujours le plateau portant l’être vivant mis en expérience s’élèvera, toujours celui où ont été placés les poids correspondans s’abaissera. De ce résultat, il faudra bien conclure qu’à chaque instant de leur vie les plantes, les animaux et l’homme, lui-même perdent quelque chose de leur substance.

  1. « Corpora vertuntur; nec quod fuimusve sumusve
    Cras erimus... »