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glaciales. Si l’histoire ne devait sanctionner que les succès et rester indifférente aux plus nobles efforts quand ils sont infructueux, le nom de Parry serait peut-être le seul qui resterait lié dans un avenir lointain à ces voyages de découvertes.

En 1821, Parry explora avec le Fury et l’Hécla les eaux de la baie d’Hudson ; il visita la péninsule de Melville, qu’il faut bien se garder de confondre avec l’ile Melville, qu’il avait découverte dans son premier voyage. La péninsule de Melville est au nord de l’île Southampton, en face de l’île Cumberland, et avance sa pointe allongée dans le large détroit de Fox, qui communique avec la baie d’Hudson.

En 1824, il fit avec les mêmes navires son troisième voyage. Il pénétra encore dans le passage de Barrow, mais fut forcé d’hiverner à Port-Bowen, dans le canal du Prince-Régent. Au printemps, il alla étudier, sur la rive occidentale de ce canal, les côtes du Sommerset du nord ; mais il fut contraint subitement d’abandonner le Fury et de revenir. C’est dans ce navire que sir John Ross en 1829 trouva les vivres sans lesquels il eût probablement péri avec tout son équipage.

Enfin en 1827 Parry entreprit cette audacieuse excursion sur les glaces, où il atteignit jusqu’au 82e degré de latitude. Sans continuer à suivre plus longtemps les passages tortueux et les inextricables canaux du labyrinthe arctique, il conçut la pensée hardie de s’avancer directement vers le pôle, en ligne droite, sur les glaces mêmes. Pour abréger la distance, il fallait choisir le point le plus septentrional qui fût connu. Ce point est l’extrémité avancée du Spitzberg ; Parry partit en traîneau d’un groupe de rochers que l’on nomme les Sept-Îles, et avança de 435 milles vers le nord, mais il lui fut bientôt impossible de lutter de vitesse avec les glaces : pendant qu’il marchait vers le pôle, les courans entraînaient vers le sud les grands trains de glace qui le portaient. Il revint sans avoir pu s’approcher à moins de 200 lieues du pôle. À ces hautes latitudes, on ne trouvait point le fond de la mer à une profondeur de 9,000 mètres ; on ne voyait point la terre à l’horizon, et, quoiqu’à une distance assez faible du pôle, la pluie tombait presque continuellement. Dans cette excursion audacieuse, Parry acquit la conviction qu’il existe une grande mer polaire libre, ouverte, et sans glaces.

L’année même où Parry entreprit son premier voyage arctique, si fécond en résultats et qui éclaire d’une lumière si nouvelle la géographie des zones glaciales, Franklin entreprenait aussi sa première expédition. Il est difficile de trouver une carrière maritime plus glorieusement remplie que la sienne. Entré en 1800 dans la marine anglaise, Franklin assista au combat naval livré par Nelson devant Copenhague, fit partie d’un voyage d’exploration sur les côtes de l’Australie, et fit naufrage sur des bancs de corail en 1803. Il prit part à