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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 11.djvu/1199

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et ne durent la vie qu’à un miracle. Ils hivernèrent dans le passage du Prince-Régent, partirent ensuite en traîneau et firent un voyage d’exploration qui dura deux mois.

C’est lady Franklin elle-même qui avait envoyé le capitaine Kennedy dans le passage du Prince-Régent : déjà auparavant, par son ordre, le capitaine Forsyth l’avait parcouru sur le Prince-Albert ; malheureusement aucune de ces expéditions n’y entra assez avant. L’insistance de lady Franklin ne pouvait tenir qu’à un de ces pressentimens secrets qui, dit-on, ne trompent jamais et qui ne sont des raisons que pour ceux qui les éprouvent, car, pendant le même temps, les hommes expérimentés qui composent l’amirauté anglaise persistaient à diriger les expéditions vers le canal de Wellington, le détroit de Behring et la mer polaire.

Après avoir raconté les campagnes qui avaient donné quelques indices sur le sort de Franklin, il nous reste à examiner les expéditions qui, sans avoir pu se diriger exactement sur les traces de l’infortuné navigateur, ont pourtant contribué à étendre ou à rectifier les notions obtenues sur les contrées du Nord. Ce qu’il faut surtout admirer dans ces dernières campagnes, c’est le soin remarquable qu’on apporta dans les préparatifs. L’expérience des années précédentes fut mise à profit : jamais navires ne furent mieux pourvus et mieux approvisionnés ; l’emploi des bateaux à vapeur remorqueurs rendit la navigation beaucoup plus rapide et plus aisée dans ces difficiles passages, et les expéditions en traîneaux, en emportant des provisions et en établissant des dépôts faciles à retrouver, permirent d’étudier ces contrées désertes dans tous leurs détails et dans toutes les directions. Rien ne fut oublié, depuis les voiles que l’on déploie sur les traîneaux quand le vent est favorable jusqu’au canot en caoutchouc (dit canot Halkett) qui sert à traverser les passages ouverts entre deux bancs de glace.

L’escadre envoyée en 1850 était commandée par le capitaine Austin, et se composait de deux vaisseaux à voiles et de deux steamers. La campagne du printemps suivant s’ouvrit sous les plus heureux auspices.

En même temps que l’escadre principale, on comptait encore les deux vaisseaux du capitaine Penny, deux navires américains, le yacht de sir John Ross, et le Prince-Albert, équipé par lady Franklin elle-même. Austin et Penny concertèrent leurs opérations. Ommaney, l’un des lieutenans d’Austin, alla explorer les côtes solitaires et désolées d’une grande terre parallèle au Sommerset du nord, et qui fait partie de cette île énorme, encore sans nom, dont les diverses côtes portent le nom de terre Victoria, terre Wollaston, etc., et qui dans ses autres parties a été explorée par Rae, Mac Clure et Collinson. Un autre des officiers d’Austin, Mac Clintock, que nous