Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 11.djvu/1218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un ample turban et des sandales composaient leur costume. Après la chapelle des Abyssins, j’en visitai plusieurs autres. À chacun des incidens de la passion correspond un sanctuaire. Comment imaginer qu’un espace aussi exigu que celui de l’église du Saint-Sépulcre, bâtie sur l’emplacement même du Calvaire, ait suffi à contenir tant d’épisodes divers du grand mystère ? Les protestans se récrient contre cette prétention des catholiques à retrouver et à vénérer tous les lieux mentionnés dans les Évangiles. J’avoue que sur toute cette topographie sacrée je n’ai moi-même que des doutes ; quant à la bonne foi des pères, elle me paraît évidente, mais j’ai déjà dit avec quel sentiment il me semble qu’on doit accueillir leurs naïves indications.

Sortons maintenant du Saint-Sépulcre, cherchons les souvenirs de Jérusalem dans des lieux un peu moins fréquentés par les voyageurs. Les murailles de la ville sainte ne sont pas un de ses moins curieux monumens. S’il est une cité au monde qui conserve intactes les fortifications qu’elle a reçues au moyen âge, c’est assurément Jérusalem. Les bases de ces fortifications du côté de la vallée de Josaphat et du mont des Olives sont d’immenses pierres de taille de quinze à vingt pieds de long sur sept ou huit de haut, et on les fait remonter jusqu’au roi Salomon. J’ai vu à Balbek un pan de mur à peu près semblable, qui est attribué aux Assyriens, et il est certain que de pareilles constructions n’appartiennent à aucun style d’architecture européenne. D’ailleurs ce côté des fortifications de Jérusalem est précisément celui qui touche presque au temple construit par Salomon, ou du moins à l’emplacement que celui-ci occupait. Rien ne s’oppose donc, il me semble, à ce que ces pierres gigantesques aient été mises en place du temps et par les ordres du grand roi des Hébreux.

Jérusalem est assise sur une hauteur qui s’élève graduellement du côté du nord et qui domine à pic une étroite vallée du côté opposé, tandis qu’à l’est et à l’ouest le sol qui l’entoure s’affaisse lentement jusqu’aux bords du Cédron, ou plutôt de son lit, car c’est tout ce qui reste de ce torrent. En suivant au dehors les murs de Jérusalem du nord à l’ouest et de l’ouest au midi, on trouve d’abord un petit mamelon peu élevé, qui s’étend vers la droite, formant ainsi un plateau presque de niveau avec la ville sainte ; c’est le seul point où les murs de fortification ne dominent pas immédiatement le pays extérieur. Ce monticule, c’est la cité de David, dont les Arméniens ont fait leur cimetière, et qui, sans conserver aucune trace de son ancienne splendeur, n’en est pas moins visitée par tous les pèlerins, qu’y attirent deux monumens célèbres. L’un est la salle où Jésus-Christ s’assit pour la dernière fois à table avec ses disciples ; l’autre est la petite pièce où il passa la première nuit après son