Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 11.djvu/1322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

docteur Cumming trouve la désignation de la mission de la Russie, et nous devons renvoyer le lecteur au chapitre 38 de ce livre, trop long pour pouvoir être cité tout entier. C’est là que se trouve prédite la grande ligue du Nord ; les races désignées dans la Genèse et dans Ézéchiel sous les noms de Gog, Magog, Rosch, Mosoch, Tubal, etc., sont les mêmes que les Scythes, les Russes, les Moscovites, de même que Gomer veut dire la race germanique, et que Tyr signifie l’Angleterre. Or il est dit que la Russie et l’Allemagne formeront la grande conjuration ; laissons parler le docteur Cumming :

« La prophétie d’Ézéchiel est que Gomer, c’est-à-dire l’Allemagne, qui est la nation-mère des autres, se réunira au prince de Rosch, Mosoch et Tubal, et que cette union de l’Allemagne et de la Russie sera le trait principal de la grande ligue ou conspiration des derniers jours, qui se fera son chemin jusqu’en Palestine, pour y périr alors à cause de ses crimes sous le jugement de Dieu. Je ne veux pas dire que les complications actuelles en soient l’accomplissement, car je n’aime pas à dogmatiser ; mais n’est-il pas remarquable qu’il soit dit que Rosch, Mosoch, Tubal, c’est-à-dire toutes les races de la Russie et les descendans de Gomer, c’est-à-dire les Allemands, se coaliseront et formeront cette grande ligue ? Cela n’a-t-il pas l’air de se passer devant nous ? Est-ce que la Prusse n’est pas virtuellement l’alliée de la Russie ? Est-ce que l’Autriche, neutre en apparence, n’a pas été l’auxiliaire de la Russie en laissant dans les principautés l’autocrate libre et lui donnant la faculté de concentrer ses troupes sur la Crimée ? Et en ce moment n’est-ce pas l’opinion de tout homme réfléchi qu’après tout l’Allemagne n’est pas et ne sera pas avec nous ? N’est-ce pas une remarquable coïncidence… que la prédiction d’Ézéchiel soit en ce moment un fait historique ? »

Nous hésitions à reproduire cette opinion un peu libre sur l’alliance autrichienne, mais on voudra bien considérer qu’elle est d’Ézéchiel.

Nous avons dit que Tyr était, par tous les signes, la figure de la Grande-Bretagne, de la nation qui doit résister à la grande ligue du Nord. Cette résistance toutefois ne pourra que suspendre le cours des choses, et la Russie, momentanément arrêtée, reprendra sa course d’avalanche. « Le dernier acte du drame, dit-il, est dans ce chapitre et dans le suivant, le trente-neuvième, qu’il faut lire aussi, et dans lequel, malgré Tyr, et ses vaisseaux, et ses soldats, et toutes ses ressources, la puissance du Nord se fraie son chemin à travers l’Europe, envahit la Palestine pour intercepter le retour du Juif dans ses foyers, et là, au sommet de sa carrière impie. Dieu verse sur elle les pestes, le sang, les pluies, le feu et le salpêtre. Ce dernier acte de la tragédie solennelle n’est pas encore commencé… ; mais si je suis exact dans mes déductions, vous verrez qu’après la halte qui aura lieu, que ce soit un moment de repos ou une paix, ou que le tsar ait été rejeté dans ses retraites glacées, il arrivera que la Russie se précipitera de nouveau, écrasera toute résistance et marchera jusqu’en Palestine…, et que là Dieu exercera sa vengeance par les plus terribles jugemens… »