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autrement le mouvement de rotation de la terre serait accéléré, et le jour diminuerait dans sa durée. Or nous savons, sans crainte d’erreur aucune, que la durée du jour est restée invariable depuis la naissance de l’astronomie jusqu’à nous, car les anciens ont mesuré plusieurs périodes astronomiques avec le jour de leur époque, et comme ces durées se trouvent exactement les mêmes quand on les mesure avec notre jour du XIXe siècle, il faut nécessairement en conclure que le jour est resté le même, puisqu’en se servant de cette mesure pour le même objet, on trouve le même résultat. Cependant, à l’époque des grandes catastrophes et des grandes chutes des matériaux de la surface du globe vers son centre, la rotation a dû être sensiblement accélérée. Il est facile du reste de calculer l’effet produit sur la durée du jour par un rapprochement du centre égal à dix, à vingt, à trente mètres pour toute l’écorce du globe. La communication du mouvement de la partie extérieure à la partie intérieure, en changeant les vitesses primitives, doit être aussi une cause de changement lent dans la forme du globe et dans la durée de sa révolution. Enfin, en admettant une vitesse plus grande des masses continentales, il devra résulter plusieurs effets curieux de réaction entre les continens et le noyau central, suivant que les continens passeront sur telle ou telle partie du noyau, accidentellement plus chaude ou plus élastique, plus légère ou plus compacte.

Il n’est guère personne qui ne sache que la terre tourne autour d’un axe passant par deux pôles ou pivots qui sont fixes dans le ciel comme sur la terre. C’est ce qu’on voit quand on fait tourner un globe géographique ordinaire sur les supports qui le dirigent. Or ce cas de la fixité des pôles est en mécanique un cas exceptionnel. Un corps en rotation pourrait, comme la toupie, tourner en se balançant circulairement, et l’axe de rotation tournerait lui-même dans un cercle autour d’un axe fixe. Tout ce qui trouble la rotation d’un corps tournant produit cet effet du balancement en rond de l’axe du corps. Ainsi cet effet a dû se produire au moment de la dernière catastrophe du globe, car il n’est guère possible d’admettre que la précipitation des matériaux vers le noyau intérieur ait été assez régulière pour ne donner aucun balancement à l’axe et aux pôles de la terre. Voici tout ce que nous savons, ou plutôt tout ce que nous pouvons présumer là-dessus. L’excellent astronome M. Peters a cru reconnaître un petit balancement de huit centièmes de seconde dans la ligne des pôles autour d’un état moyen. La période de ce mouvement est d’environ dix mois ou 304 jours. Ce déplacement, mesuré sur la surface terrestre, ne serait que d’à peu près cinq mètres, quantité bien minime. Le travail de M. Peters a donné l’éveil, et dès lors il est fort utile. L’exactitude de cet excellent observateur est connue de tout le monde astronomique.

Pour avoir quelque chose de moins sérieux sur ces mouvemens de rotation qui ont épuisé la force intellectuelle de Newton, de d’Alembert, de Laplace, de Poisson, nous dirons qu’à la visite de la reine d’Angleterre, conduite par l’empereur à l’exposition universelle, les deux souverains se sont