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départemens qui entourent Paris, et y forme une nouvelle population de 3 à 400,000 têtes, vaches pour la plupart. Ces départemens, n’ayant pas de race à eux et n’entretenant de vaches que pour le lait, s’approvisionnent surtout en Normandie, et y ouvrent ainsi un nouveau débouché.

Il n’y avait à l’exposition que cinq échantillons de la race mancelle pure. Cette race a pourtant beaucoup d’importance ; elle fournit de temps immémorial pour le marché de Paris presque autant de bœufs gras que la Normandie, et elle couvre quatre départemens des plus riches en bétail. On aura sans doute pensé qu’étant destinée à disparaître, elle ne devait figurer que pour mémoire.

La flamande comptait environ 20 têtes. La Flandre n’a pas tout à fait les mêmes conditions que la Normandie. Beaucoup plus peuplée, elle trouve en elle-même son propre débouché, et, comme tous les pays d’extrême population, elle recherche moins la viande que le lait. La race flamande est principalement laitière ; comme telle, elle est à peu près arrivée à la perfection. Je ne crois pas qu’il soit possible de trouver beaucoup mieux, même dans la race d’Ayr, que la plupart des flamandes exposées. Tout en elles était fin, délicat, féminin, et je suis sûr que leurs douces mamelles laissent facilement échapper plus de 3,000 litres de lait par an. J’aurais, pour mon compte, plus de respect pour la race flamande que pour la cotentine ; je serais plus disposé à la préserver de tout croisement. La Flandre française est un pays plus productif qu’aucune région de l’Angleterre ; nulle part dans le monde il n’y a plus de bétail, et du meilleur, de même que nulle part il n’y a une agriculture plus intensive. Ces deux faits se suivent et sont la conséquence l’un de l’autre. Les cinq départemens de la Flandre et de l’ancienne Picardie contiennent 600,000 vaches ; le département du Nord a lui seul en possède près de 200,000. Dans l’arrondissement de Lille, on est arrivé à une tête bovine par hectare, et chacune de ces têtes nourrit une famille : c’est le maximum connu de la production. Depuis quelque temps, la vache flamande lutte, comme laitière, sur le marché de Paris, avec la cotentine, et elle doit finir par l’emporter, si celle-ci ne s’améliore pas, car elle lui est réellement supérieure. Elle tend à se répandre, dans le nord, partout où il devient possible de lui donner les conditions de soin et d’alimentation qui lui sont nécessaires. Cette race n’est pas non plus sans qualités pour la boucherie, et je la placerais au premier rang parmi les nôtres.

Les cinq départemens de la péninsule de Bretagne figurent parmi les points de la France et du monde qui possèdent le plus de bûtes bovines. On n’y compte pas moins de 1,500,000 têtes sur une superficie totale de 3 millions et demi d’hectares, soit près d’une tête