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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 11.djvu/199

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des prix a été obtenu par le supérieur du monastère de la Trappe, à Meilleraye (Loire-Inférieure), où l’on se livre avec grand succès à l’élève du gros bétail. Là comme à la Grande-Chartreuse et chez les trappistes de Staouéli, en Afrique, on aime à voir reprendre la tradition des anciennes abbayes, qui, en France comme partout, ont rendu de si grands services à l’agriculture.

La race de Parthenay a des partisans fanatiques ; il est à remarquer que, parmi les nombreux essais de croisement envoyés à l’exposition, il n’y en avait aucun où elle jouât un rôle. Je ne serais pas tout à fait aussi exclusif, mais je reconnais volontiers que, dans l’immense majorité des cas actuels, il y aurait danger à y rien changer. Le patriotisme vendéen s’attache à tout, même à la couleur des animaux. Respectons ce sentiment conservateur qui sert à faire reconnaître les races pures : celle de Parthenay est brune, avec le bout des cornes noir. De toutes celles du nord-ouest, c’est la seule qui travaille ; voilà son caractère principal, celui qui doit le plus la défendre contre toute tentative de croisement. Si jamais elle cessait de travailler, ce qui viendra bien quelque jour, il n’en serait pas tout à fait de même ; mais n’essayons pas de prévoir ce temps, qui sera pour la fidèle Vendée, le pays aux traditions tenaces, aussi douloureux qu’une révolution.

La race vendéenne est la dernière de cette région : elle touche au midi. Si l’on tire une ligne droite de l’embouchure de la Charente dans l’Océan aux sources de l’Oise sur la frontière de Belgique, en passant par Paris, on enferme une sorte de péninsule dont la Bretagne forme la pointe, et qui contient, avec cette province et la Vendée, la Flandre, la Picardie, la Normandie, le Maine, l’Anjou et l’Île-de-France, soit une vingtaine de départemens ou le quart du territoire. Là se trouvent réunis les quatre dixièmes du bétail national, ou quatre millions de têtes, divisées entre les trois grandes familles normande, bretonne et flamande, et leurs deux annexes, la mancelle et la vendéenne ; là viennent s’engraisser, par une série de migrations, un grand nombre de bœufs d’autre origine ; là se concentrent jusqu’ici presque toutes les importations d’animaux de race étrangère, comme les durham, et presque toutes les tentatives de croisement ; là enfin s’obtient la moitié du lait et de la viande produits en France.

Toutes les autres races bovines de France sont plus ou moins employées au travail, et sont par conséquent inférieures sous les autres rapports. Les vingt départemens qui forment l’angle du nord-est comprennent deux millions et demi de têtes : c’est la région la plus riche après le nord-ouest. Cette population se concentre surtout dans la partie montagneuse qui forme les dix départemens des Vosges,