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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 11.djvu/219

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REVUE MUSICALE




JAGUARITA. — JENNY BELL. — LES VÊPRES SICILIENNES.





L’exposition universelle est définitivement ouverte, car la musique vient de la compléter en faisant aussi son apparition à ce grand bazar des produits de l’esprit humain. Trois opéras nouveaux ont été représentés aux trois seuls théâtres lyriques que possède Paris, ce qui donne la mesure du rang assez modeste qu’occupe l’art musical dans les goûts de la France. Au milieu de vingt spectacles de tout genre qui s’adressent à toutes les classes de la société, en face d’une galerie improvisée des beaux-arts qui renferme plus de trois mille ouvrages venant de tous les coins du monde, la musique ne possède en France que trois théâtres où l’on ne représente pas dix opéras nouveaux par an. Encore n’est-ce que la musique dramatique qui est admise à ce concours des œuvres du génie, car la symphonie et les autres formes de la musique instrumentale y brillent par leur absence. Il faut convenir que si l’art musical n’avait à présenter à ce congrès de la civilisation du monde que les trois ouvrages dont nous avons à parler aujourd’hui, il n’y aurait pas lieu de réclamer pour lui une plus large part dans l’estime des hommes. Son infériorité serait évidente vis-à-vis de ce nombre considérable de tableaux, de statues et d’objets d’art de toute nature ; mais il est juste de remarquer que la galerie de l’avenue Montaigne ne renferme pas seulement les ouvrages récens, fruits de quelques années de travail : chaque artiste a voulu grouper autour de son nom tous les titres qui peuvent le recommander à la postérité. Or, si l’on prend pour exemple l’exposition de MM, Ingres et Eugène Delacroix, l’observateur a devant lui une perspective de cinquante ans, car plusieurs tableaux de M. Ingres remontent jusqu’à l’année 1801. C’est donc le résultat d’un demi-siècle d’activité et de labeur que nous avons