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ACHIM D’ARNIM




II.


DRAMES ROMANTIQUES ET POPULAIRES.





Au théâtre comme dans le roman, il a été dans la destinée d’Arnim de marquer ses tentatives d’un double caractère, d’accomplir une intime alliance entre une fantaisie profondément individuelle et un respect inaltérable du génie et de la tradition germaniques. Celui qui n’accepterait comme représentant l’art dramatique en Allemagne que l’école dont Goethe et Schiller sont restés les chefs illustres s’exposerait à ne comprendre parfaitement ni quelques-unes des plus belles œuvres d’Arnim, ni même toute une famille d’écrivains oubliés, qui, bien avant les auteurs d’Egmont et de don Carlos, prétendirent donner à l’Allemagne un théâtre national. Arnim a fréquenté cette famille, il a tenu commerce avec ces productions bizarres qui, au XVIe et au XVIIe siècle, trouvaient dans les plus humbles classes du peuple allemand un public empressé. Avant d’évoquer quelques-uns des drames les plus remarquables de l’auteur d’Isabelle d’Égypte, il convient donc de parcourir un peu le chemin qu’a suivi Arnim lui-même, et de n’arriver à lui qu’en traversant ce groupe des écrivains allemands du XVIIe siècle, dont le vieil André Gryphius personnifie si nettement les qualités et surtout les défauts.

C’est au commencement du XVIIe siècle, en effet, que la scène allemande s’ouvrit pour la première fois à des tentatives plus sérieuses