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langue et versifie trop correctement pour qu’on ne s’efforce pas de lui ôter ces fautes, qui ne proviennent certainement pas de lui.

S’il convient que je m’applique (v. 41) ;

il manque une syllabe. Lisez :

Se il convient que je m’applique.

Dans les temps antérieurs, et pour Patelin aussi, se (c’est-à-dire si), que, je, me, etc., devant une voyelle comptent ou ne comptent pas, à la volonté du poète. Aussi je pense que M. Génin aurait dû, dans tous les cas où cet e s’élide, indiquer l’élision par une apostrophe, pour la plus grande facilité des lecteurs.

Dans le vers :

Ses denrées à qui les vouloit (v. 173),

il y a une syllabe de trop, car la finale ées compte toujours pour deux syllabes dans la langue antérieure. Je mettrais :

Ses denrées à qui vouloit.

Au reste le nombre de syllabes régulier se rencontre dans le vers

Ses denrées si humblement (v. 426),

et dans le vers :

La journée, se bon te semble (v. 1056).

Il y a aussi une syllabe de trop dans le vers :

Escus ? voire, se pourroit-il faire
Que ceulx dont vous devez retraire
Ceste route prinssent monnoye ?

Effacez il, et en même temps cette correction, exigée par la mesure, améliore le sens en ôtant le point d’interrogation. Le drapier dit : « Vos écus ? vraiment il se pourrait faire que ceux avec lesquels vous comptez retirer cette rente prissent monnaie, » c’est-à-dire « fussent dépensés ; » et Patelin répond : « Oui, sans doute, si je le voulais. » Quant à la suppression des pronoms personnels, elle est autorisée par l’usage du Patelin ; on en rencontre plus d’un exemple.

M. Génin pense que dans le vers

Tout est à vostre commandement (v. 224),

où il y a une syllabe de trop, on prononçait vostre monosyllabe ; mais dans le Patelin l’e muet, ainsi placé, compte toujours pour la mesure ; il faut prendre une des deux leçons qu’il rapporte en variante :