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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 11.djvu/757

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confuses que le temps avait formées, et où la coutume jouait un plus grand rôle que la doctrine, complétaient le compartiment consacré à la science politique. Dans un rayon de ce compartiment, on voyait un grand in-folio, les Statuts et Fondemens sur les navires et autres bâtimens, Statuta et Fundamenta super navibus et aliis lignis, publié par le doge Renier Zeno le 6 août 1255.

Les voyageurs vénitiens, qui ont précédé tous les autres dans la connaissance des mœurs, des usages des peuples de la terre, remplissaient toute une division de la bibliothèque. Les Nicolo, Matteo et surtout Marco Paolo étaient placés sur le premier rayon. Il y avait là aussi le livre sur la Palestine que Marin Sanudo présenta au pape Jean XXII en 1321, Liber secretorum fidelium critcis, suivi des ouvrages des deux Zeno, frères du fameux Charles Zeno, qui sauva la république au combat naval de Chioggia contre les Génois. Les aventures de Nicolas Conti, le voyage d’Alvise da Mosta en Flandre et en Afrique, celui de Marco Caterino en Perse et de Giosafat Barbaro en Asie, complétaient la série de ces glorieux et infatigables aventuriers que Venise lançait sur tous les points du globe. La médecine, la géographie, les sciences naturelles et les sciences exactes formaient la transition entre les moralistes, les économistes, les financiers et la littérature proprement dite. Celle-ci, reléguée au second plan, comme un luxe de l’esprit qui ne peut se produire qu’après l’affermissement des sociétés civiles, remplissait une division considérable. Le premier compartiment était consacré à la littérature della nobiltà veneziana, aux ouvrages produits par de nobles Vénitiens, parmi lesquels brillait l’Histoire de la littérature vénitienne par Marco Foscarini, monument inachevé d’érudition et de patriotisme. Venaient ensuite les œuvres d’Apostolo Zeno, critique et poète fécond, qui a précédé Métastase dans le drame lyrique, et divers poèmes, notamment en dialecte vénitien une chanson de l’année 1277, et une autre à la louange de Venise, de 1420. Au nombre des ouvrages en prose qu’a produits le dialecte vénitien, on voyait il Milione de Marco Polo, et il Libro delle Uxance dello imperio di Romania. Les arts avaient leurs représentans, et l’Histoire de la peinture vénitienne par Zanetti, celle des architectes vénitiens par Temanza se trouvaient au milieu des œuvres du comte Algarotti, qui a beaucoup écrit sur les beaux-arts. La division consacrée à la musique était incontestablement la partie la plus intéressante de cette grande collection de livres, formée par les soins de l’abbé Zamaria ; elle renfermait des trésors d’érudition. Les théoriciens grecs, Aristoxène, Euclide, Nichomaque, Alypius, Gaudence, Bachius, Aristide, Quintilien, publiés par Jleibomius en 1652 ; les travaux de Doni et de Burette sur la musique des anciens ; les théoriciens du moyen âge