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LE
MARQUIS DES SAFFRAS


SCÈNES DE LA VIE COMTADINE


II.[1]

LES TIRART ET LES SENDRIC

.


I.

Le maire Tirart revint de la Pioline à Lamanosc fort courroucé contre son neveu ; il ne s’accommodait pas de ces débuts silencieux de Lucien ; à ses yeux, c’était un échec. Il y avait à prendre une revanche éclatante au plus tôt ; il le fallait à tout prix, l’honneur de la famille s’y trouvait engagé.

On s’était donné rendez-vous dans huit jours à la Pioline. Ces huit jours d’attente parurent très longs au maire. Dans le courant de la semaine, pour prendre patience, il se fit lire la Mort de César par M. Lagardelle, secrétaire de la commune. — C’est plein de bons sentimens, dit-il, bien pensé, bien écrit. Je ne connaissais pas cette comédie ; elle me plaît. Le rôle de Jules César est le plus beau.

— Les avis sont partagés, répondit le magister ; d’aucuns tiennent pour Antoine.

— Du tout, du tout, dit le maire ; je maintiens Jules César ; c’est le plus beau rôle ; je le veux pour Lucien : Lucien sera César.

  1. Voyez la livraison du 1er octobre.