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SIR ROBERT PEEL.

implique seulement un examen attentif de nos institutions civiles et ecclésiastiques, examen entrepris dans une disposition bienveillante et pour arriver, en maintenant fermement les droits acquis, au redressement des abus prouvés et des griefs réels, — je puis dans ce cas, pour mes collègues et pour moi, m’engager à agir dans cet esprit et avec cette intention. »

Il se mit sur-le-champ à l’œuvre : la chambre des communes fut dissoute. Les élections donnèrent au parti conservateur cent voix de plus qu’il n’en avait dans la chambre précédente. Les deux partis essayèrent leurs forces sur le choix de l’orateur ; le candidat du nouveau cabinet, M. Manners Sutton, fut battu à dix voix de majorité. Loin de regarder cet échec comme insurmontable, Peel se montra, dans la discussion de l’adresse, plein d’ardeur et bien résolu à poursuivre la lutte : « C’est mon devoir, dit-il, mon premier et suprême devoir, de garder le poste qui m’a été remis, et de répondre à la confiance que je n’ai pas cherchée, mais que je ne pouvais décliner. Je vous adjuré de ne pas condamner sans entendre, de recevoir du moins les mesures que je proposerai de les améliorer, si elles sont défectueuses, de les étendre, si elles restent au-dessous de votre attente… Je vous fais de grandes offres, qui ne devraient pas être légèrement rejetées. Je vous offre la perspective d’une paix durable, le retour de la confiance d’états puissans, qui sont disposés à saisir cette occasion de réduire leurs armées et d’éloigner les chances de collisions hostiles. Je vous offre un budget réduit, des améliorations dans notre jurisprudence civile, la réforme de la loi ecclésiastique, le règlement de la question des dîmes en Irlande, leur commutation en Angleterre, l’abolition des abus réels dans l’église, et le redressement des griefs dont les dissidens ont droit de se plaindre… Je vous offre aussi la meilleure chance d’accomplir ces changemens de concert avec les autres pouvoirs de l’état, et de rétablir ainsi entre eux cette harmonie qui assure le maintien des anciennes institutions sans en exclure le perfectionnement. Vous pouvez rejeter mes offres, vous pouvez refuser de les écouter, vous pouvez préférer de faire les mêmes choses par des moyens plus violens ; mais si vous agissez ainsi, le temps est prochain où vous vous apercevrez que le sentiment populaire, sur lequel vous comptiez, vous a abandonnés. Vous n’aurez alors d’autre alternative que d’invoquer notre aide, de replacer le gouvernement dans les mains auxquelles vous voudriez l’arracher aujourd’hui, ou de recourir à cette pression du dehors, à ces moyens de compulsion et de violence qui rendront vos réformes vaines et scelleront l’arrêt de mort de la constitution britannique. »

Les faits répondirent aux paroles : plusieurs des mesures que Peel venait d’indiquer furent immédiatement proposées ; mais les whigs,