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sait autoriser à négocier des alliances avec les autres pays également menacés, à prendre toutes les mesures nécessaires pour rejeter les flibustiers hors de l’Amérique centrale. Muni de ces pouvoirs, le président Mora, homme d’énergie, quoique simple négociant, portait l’effectif de l’armée à neuf mille hommes, décrétait un emprunt de deux millions de réaux, et il publiait une proclamation qui était le signal de la guerre. Walker, de son côté, a répondu par d’autres proclamations où il menaçait d’extermination tous les serviles de l’Amérique centrale, tous ceux qui se disent partisans des pouvoirs légitimes, et la guerre s’est allumée. Il en était ainsi dès les premiers jours de mars ; les forces ennemies étaient déjà en présence. Qu’a produit la guerre jusqu’ici ? Costa-Rica paraît être sortie victorieuse des premiers engagemens, Walker n’a eu d’autre ressource que de faire traduire son auxiliaire, le colonel Schlesinger, devant un conseil de guerre, pour s’être laissé battre par les troupes du président Mora, et de se mettre lui-même, à la tête de ses aventuriers. Dans cette lutte singulière, si elle se prolonge, la république de Costa-Rica finira sans doute par obtenir le concours actif des autres états, de Guatemala, de Honduras, de Salvador, et cette coalition suffira pour dissiper cette bande d’oiseaux de proie qui se sont abattus sur ces contrées. En tout état de cause, ces événemens, quelque lointains et quelque obscurs qu’ils soient, n’ont-ils aucun intérêt pour l’ancien monde ? Il y a deux ans, c’était un navire de guerre de l’Union qui brûlait la ville de San-Juan ou Greytown, et portait un coup sensible aux affaires des sujets de tous les pays. Depuis plus de six mois, le commerce est bouleversé par cette domination de hasard. Si Walker venait à triompher dans les autres états de l’Amérique centrale, il en résulterait à coup sûr, pendant un temps indéfini, un redoublement d’insécurité pour tous les intérêts nationaux et étrangers. Maintenant qu’elles n’ont plus leurs regards forcément tournés vers l’Orient et que la guerre est terminée, la France et l’Angleterre ont dans ces contrées, non certes une guerre nouvelle à entreprendre, mais une mission protectrice à remplir.

CH. DE MAZADE.

ESSAIS ET NOTICES.

SOUVENIRS SUR LA RÉVOLUTION TOSCANE.


Mémorie sull’ Italia e specialmente sulla Toscana, dal 1814 al 1850, di G. Montanelli, ex-presidente del consiglio, ex-triumviro del governo provvisorio Toscano, 2 vol., Turin 1853-55.


Il y a dans l’histoire des révolutions toute une partie qu’on néglige trop. Il ne suffit pas de nous montrer comment agissent les hommes emportés par la lutte révolutionnaire ; il faut nous apprendre comment ils se forment, et souvent dans l’histoire d’un individu c’est la destinée d’un parti tout entier qui nous apparaît avec sa grandeur et sa faiblesse, avec ses momens d’exaltation héroïque et ses puériles divisions. Tel est, ce nous semble, l’intérêt