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au vendeur autant de fois 50 centimes ou 1 franc qu’il y a de fois 3 dans 1,500, c’est-à-dire 250 ou 500 francs, si, au jour de l’échéance de l’opération le cours de la rente 3 pour 100 étant inférieur au prix, déduction faite de la prime, auquel il l’a achetée, l’acheteur veut annuler son marché. De même, acheter vingt-cinq actions à prime, dont 10 ou dont 20, c’est se réserver le droit, moyennant le paiement d’une prime de 250 ou 500 francs, de ne pas prendre livraison de ces actions, si au moment de la liquidation elles n’ont pas atteint le prix, déduction faite de la prime, auquel elles ont été achetées. L’échéance des marchés à primes est fixée, à la Bourse de Paris, le dernier jour ; du mois pour les rentes, le dernier jour du mois et le 15 pour les actions : c’est ce que l’on appelle la réponse des primes. Si ce jour-là l’acheteur annule son marché, on dit que la prime est abandonnée ; dans le cas contraire, on dit que l’on lève, et alors le marché à prime devient ferme et se traite comme toute opération ferme, quelle que soit son origine.

Ces définitions sommaires comprennent toutes les opérations aux quelles donne lieu à la Bourse le commerce des valeurs. Sans entrer dans des explications détaillées sur les combinaisons auxquelles elles se prêtent, elles nous paraissent suffisantes pour l’intelligence de ce qui va suivre. On doit déjà voir, par exemple, quels sont, au point de vue des prix des valeurs, les caractères spéciaux des trois sortes d’opérations dont nous venons de parler, l’opération au comptant, l’opération ferme à terme, et l’opération à prime. L’opération au comptant donne le prix réel de la valeur tel qu’il résulte des rapports actuels de l’offre et de la demande. L’opération ferme à terme s’écarte du prix réel et actuel, elle fait intervenir dans le prix l’influence des chances diverses qui pourront se produire entre le moment où cette opération commence et le moment où elle devra se liquider : elle soumet le prix à une autre influence que celle qui résulte des rapports actuels des titres et de l’argent, à l’influence de la spéculation. Aussi, quand la spéculation est active, y a-t-il toujours une différence, un écart entre les prix du marché au comptant et le » prix du marché ferme à terme. Enfin l’opération à prime fait encore la part plus large à la spéculation : elle limite par la prime ses risques de perte en lui laissant ouvertes toutes les chances de bénéfice ; elle écarte donc davantage les prix de leurs conditions réelles. On comprend en effet que l’acheteur à prime doive payer l’avantage d’être, assuré contre la perte, en donnant de la valeur sur laquelle il spécule un prix supérieur au cours ferme de cette valeur.

Maintenant, avant de rechercher les combinaisons par lesquelles ceux qui font le commerce des valeurs peuvent, au moyen de ces