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ce chiffre environ 27 millions, lesquels, à titre d’intérêts, de dividendes et de parts de bénéfices, devaient revenir aux actionnaires et aux administrateurs de la société comme produit de l’exercice, on voit que le Crédit mobilier avait environ, au 31 décembre dernier, 74 millions en placemens fixes. Comme son capital n’est que de 60 millions, il avait donc dû employer aussi dans ces placemens environ 14 millions prélevés sur les dépôts qu’il reçoit en comptes courans. Il est plus difficile de déterminer dans quelle proportion exacte la somme totale de 101 millions se divisait entre les divers placemens fixes : rentes, actions et obligations. Le bilan attribue 40 millions aux rentes, 59 millions et demi aux actions, près de 33 millions aux obligations : ces sommes réunies forment un total de plus de 132 millions ; mais il faut en déduire 31 millions, exprimant les versemens non encore appelés sur ces diverses valeurs, ce qui ramène à 101 millions, comme nous l’avons dit, les fonds effectivement consacrés aux placemens. Seulement nous sommes réduits à ignorer comment la réduction de 31 millions se répartit entre les trois articles des placemens qui figurent en détail pour leur valeur nominale et non pour leur valeur réelle. Dans le rapport de M. Isaac Pereire, les chiffres du mouvement du portefeuille ne sont donnés non plus que pour la valeur nominale. Le chiffre total des rentes, obligations et actions, qui était de 57 millions et demi au 31 décembre 1854, s’est augmenté par les souscriptions et acquisitions faites pendant l’exercice de 1855 de 265,800,000 francs, ce qui a porté à un peu plus de 323 millions le chiffre des entrées du portefeuille. Le chiffre des réalisations ou des sorties s’est élevé à 217 millions, lesquels, ajoutés aux 132 millions, montant des existences en portefeuille au 31 décembre, donnent 349 millions, ce qui représente un excédant des sorties sur les entrées, c’est-à-dire un bénéfice, de 26 millions. Ces mouvemens étant exprimés en valeurs nominales et non en valeurs effectives il est plus difficile d’y démêler les évolutions que le Crédit mobilier a dû imprimer aux sommes qu’il a employées à l’achat et à la vente des valeurs. Cependant, si l’on considère que le Crédit mobilier avait au 31 décembre une somme réelle de 75 millions employée en valeurs, indépendamment des 26 millions qui, comme intérêts et profits, appartenaient à ses actionnaires et à ses administrateurs, si de cette somme on retranche les fonds employés en obligations qui donnent lieu à peu de mouvemens, si l’on ne perd pas de vue aussi, comme le rapport en témoigne, que le Crédit mobilier ne s’était pas défait des rentes qu’il avait acquises par ses souscriptions à l’emprunt, on sera conduit à supposer avec toute vraisemblance que le Crédit mobilier a dû, dans l’exercice de 1855, imprimer une activité plus vive encore que dans les années précédentes