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prêt sur dépôt de titres, qui est jusqu’à un certain point une déviation de l’objet spécial de ces établissemens, le refuserait au Crédit mobilier, dont il est une des attributions naturelles ? Ce mode de crédit est sans doute peu lucratif pour ceux qui sont chargés de le dispenser ; mais, quoique moins fructueux pour le Crédit mobilier, l’emploi de 15 millions provenant des comptes courans en prêts sur dépôts de titres serait plus conforme à l’esprit de cette institution et aux règles de la prudence que l’application qu’il a faite de cette somme en 1855 à des opérations sur les valeurs.


Il nous resterait maintenant à parler des opérations de la société qui se rattachent plus directement à ses fonctions de banque de commandite. On n’attend point sans doute que nous nous étendions en détail sur chacune de ces opérations : il faudrait pour cela entrer dans l’examen spécial des affaires à la création desquelles le Crédit mobilier a concouru, et empiéter sur des questions qui se présenteront à nous, à leur place naturelle, dans la suite de ces études. Qu’il nous suffise pour le moment d’énumérer les entreprises auxquelles le Crédit mobilier s’est associé et d’indiquer les formes diverses sous lesquelles il leur a prêté son concours.

On peut ranger en trois catégories les opérations de la société générale qui se rattachent au crédit commanditaire. Il y a d’abord celles qui constituent la commandite proprement dite, la souscription d’une partie des actions de l’affaire à créer ; il y a ensuite la souscription aux emprunts des compagnies ; il y a enfin les affaires où sans engager ses propres fonds le Crédit mobilier ne prête qu’un concours moral et un office d’intermédiaire.

En 1853, dans la première année de son existence, le Crédit mobilier ne fit point de véritable commandite ; il ne créa aucune affaire en y engageant ses fonds. Il n’entra dans cette voie qu’en 1854. Il créa alors ou prépara trois affaires importantes : la société des immeubles de la rue de Rivoli, formée au capital de 24 millions ; la société maritime au capital de 30 millions, et la société autrichienne des chemins de fer de l’état, au capital de 200 millions, dont les actions furent émises au commencement de 1855. En 1855, il a souscrit une portion considérable des actions nouvelles que la compagnie du chemin de Saint-Rambert a dû créer pour parer à l’extension de sa concession ; il a pris une participation dans les chemins de l’ouest et du Central suisse, et il s’est intéressé dans la canalisation de l’Èbre.

La participation du Crédit mobilier aux emprunts des compagnies fut plus active dès son origine, et c’est aussi le mode de crédit le plus utile qui puisse être donné aux compagnies, car les obligations,