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des renseignemens lumineux, à tous les esprits cultivés de délicates jouissances.

SAINT-RENE TAILLANDIER.


CLASSAZIONE DEI LIBRI A STAMPA DELL’ J. E R. PALATINA IN CORRISPONDENZA DI UN NUOVO ORDINAMENTO DELLA SCIBILE HUMANO, di Francesco Palermo[1]. — S’il est une science compliquée et modeste, bien qu’elle touche par quelques côtés aux plus grands problèmes, c’est la bibliographie, c’est la science des livres, observés et étudiés non-seulement dans leur état et leurs détails matériels, mais encore dans leur être moral pour ainsi dire. Rien n’est plus difficile notamment que d’ordonner dans une classification rationnelle, méthodique et claire, ces vastes collections où sont dispersées les connaissances humaines et qui composent une grande bibliothèque. Il y a longtemps qu’on s’occupe en France de réaliser un travail de ce genre et de faire des catalogues qui y correspondent. Un catalogue, dira-t-on, n’est-ce pas la chose la plus simple du monde ? Le travail est simple en effet et presque manuel, s’il n’y a qu’à étiqueter et numéroter matériellement des livres. Ce n’est rien, c’est une œuvre de patience, d’attention et d’ennui. C’est tout au contraire, si on veut faire dériver l’ordonnance d’une bibliothèque d’une pensée première qui se décompose naturellement en divisions et en subdivisions méthodiques. Il s’agit alors de remonter en quelque sorte au principe des sciences, d’observer comment elles s’engendrent, par quels rapports elles se touchent. Et ce n’est pas tout encore : après avoir trouvé cet ordre tiré de la nature des sciences, il faut le combiner avec les exigences de la classification par pays. C’est ce qui fait qu’il est si difficile d’éclaircir la confusion qui règne si souvent dans ces vastes dépôts des connaissances humaines qu’on nomme les bibliothèques. Les bibliothèques de l’Italie particulièrement ne brillent pas toujours par leur ordre, bien qu’elles aient eu souvent à leur tête des hommes de beaucoup de savoir et d’étude. Aussi n’est-ce point sans à propos que M. Francesco Palermo, dans le livre dont nous citons le titre, s’efforce de trouver le principe d’une classification nouvelle à appliquer à la Palatine de Florence, dont il est le bibliothécaire L’auteur ne se contente pas d’un travail bibliographique ordinaire. C’est dans la nature des connaissances humaines qu’il cherche le point de départ de ses classifications, étudiant les essais divers qui ont été faits jusqu’ici et résumant, depuis Aristote jusqu’à Bacon et aux encyclopédistes, les systèmes qui ont présidé à l’organisation des sciences. Il serait difficile de suivre M. Palermo dans toutes les déductions destinées à éclairer une vraie et juste classification des livres. Toujours est-il qu’il pose certains principes ; il montre la science ayant deux objets essentiels, le vrai et le beau. Au vrai se rattache tout ce qui a trait à la révélation et à la philosophie rationnelle. D’un autre côté, il y a le beau spéculatif et le beau réel : les principaux points arrêtés, il arrive, de déductions en déductions, à déterminer l’ordre des connaissances humaines, en parlant des livres qui traitent de la religion pour finir par ceux qui traitent des arts mécaniques. L’idée générale se résume dans l’introduction ; le reste du livre n’est que le développement méthodique de la pensée première, l’application du système. En apparence, la Classazione est

  1. Firenze, dall’ J. e R. Biblioteca Palatina ; tipografia Galilejana, 1 vol. petit in-4o.