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LA VIE
AUX
DIVERS ÂGES DE LA TERRE


I.

La longévité humaine, la quantité de vie sur le globe, l’époque de l’introduction de la vie sur notre planète, ce sont là diverses questions sur lesquelles l’attention du public a été appelée récemment[1], et dont je voudrais dire quelques mots, en m’arrêtant de préférence aux deux dernières, qui s’écartent moins du cercle habituel de mes études. L’occasion s’offrira ainsi d’indiquer ce que l’état actuel de la science expérimentale peut nous faire espérer sur la solution de quelques problèmes jugés jusqu’ici hors de la portée de l’esprit humain.

La recherche des limites de la vie et des moyens de la prolonger intéresse tout homme sur lequel la crainte ou l’espérance, la curiosité ou la science, peuvent avoir prise, c’est-à-dire le genre humain tout entier. Si, comme l’a dit Franklin, le temps est l’étoffe de la vie, cette étoffe, fût-ce même la guenille de Molière, nous est chère, et depuis que notre mère Ève a préféré la science aux jouissances du bien-être matériel, le genre humain a toujours été plus sensible à la curiosité et à l’émotion qu’attaché à la possession calme des avantages obtenus. Les chercheurs de la pierre philosophale se proposaient deux choses : faire de l’or pour acquérir ce qui représente tous les agrémens de la société, et ensuite obtenir la perpétuité de la vie et de la santé pour jouir indéfiniment de ces biens. En compulsant tous les vœux et toutes les prières adressés au ciel, soit païen, soit

  1. Par le livre de M. Flourens, de la Longévité humaine et de la quantité de vie sur le globe, 3e édition, Paris 1856.