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cupée de ses droits sur Neuchâtel et prête à soumettre cet embarrassant litige à la diète de Francfort. En Espagne, c’est une crise organique qui s’est déclarée par un changement de ministère dont les conséquences se déroulent chaque jour en laissant apercevoir une situation pleine de troubles. Enfin à toutes ces questions, qui impliquent tant d’intérêts divers, viennent se mêler un peu dans tous les pays des difficultés économiques et financières, des questions de subsistances, qui touchent à tous les ressorts de l’existence intérieure, et qui n’ont point assurément le dernier rang dans cet ensemble de symptômes contemporains.

Plus que jamais aujourd’hui, la politique générale se résume, par la force des circonstances, dans deux faits principaux qui montrent sous une double face la situation diplomatique de l’Europe. Ces deux faits sont la suspension des rapports de la France et de l’Angleterre avec Naples et les débats suscités en Orient par l’exécution définitive du traité du 30 mars. La question napolitaine, on ne l’a point oublié, est née dans le congrès de Paris. Les plénipotentiaires, au moment de signer la paix, ont eu la pensée de la rendre plus durable en écartant les causes de perturbation qui pouvaient la mettre à de nouvelles et prochaines épreuves. Ils ont tourné les yeux vers l’Italie, toujours livrée à une fermentation secrète qu’on pouvait croire entretenue par un système outré de réaction. De là l’intervention de la France et de l’Angleterre auprès du cabinet des Deux-Siciles, de là cette négociation qui s’est poursuivie pendant quelques mois, et dont on peut maintenant préciser le sens, dont on peut voir le dénoûment par les pièces diplomatiques qui viennent d’être mises au jour aussi bien que par les explications officielles du Moniteur. Si la négociation n’est point là tout entière, elle y est du moins essentiellement ; le reste est du domaine des communications verbales entre les cabinets.

Que réclamait-on du roi de Naples ? On lui demandait d’user de clémence, d’adoucir les rigueurs d’une administration qui semblait plus propre à irriter qu’à désarmer les passions révolutionnaires, de réformer quelques parties de la législation criminelle. L’Angleterre ajoutait, dit-on, quelques Insinuations au sujet d’une réforme de la législation commerciale. Le roi de Naples se montrait plus blessé qu’éclairé de ces suggestions, dans lesquelles il voyait une atteinte directe portée à son indépendance, et il répondait dans le premier moment avec une vivacité qu’il a consenti à tempérer depuis. Si l’on se souvient des démarches pleines de mystère de l’Autriche, des voyages de ses diplomates, de ses interventions officieuses pour empêcher un choc entre les deux puissances occidentales et le gouvernement napolitain, il est facile de voir maintenant ce qu’a produit tout ce travail, qui aurait pu sans nul doute être plus efficace. L’Autriche a obtenu que le roi de Naples adoucît la vivacité d’une première dépêche écrite par son ministre des affaires étrangères, M. Carafa ; mais, comme sous une forme moins vive la résistance était la même, la France et l’Angleterre se trouvaient placées dans l’alternative de subir la petite humiliation d’un échec diplomatique ou de faire ce qu’elles ont fait, c’est-à-dire de retirer leurs légations de Naples. Voici donc l’état véritable de la question : les ministres français et anglais sont rappelés, et ont déjà quitté le royaume des Deux-Siciles. Cela n’implique point de démonstrations immédiates d’hostilité. Seulement, pour la protection de leurs