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Employés du service civil 405
Officiers de l’armée pourvus d’emplois civils, service civil auxiliaire 1,543
Employés natifs hindous et musulmans 45,538[1]

Il nous reste, pour donner un résumé à peu près exact de la machine gouvernementale anglo-indienne, à dire quelques mots de l’organisation de la police dans les domaines de la compagnie : administration incomplète, impuissante, vicieuse, qui, de l’avis de tous les hommes compétens, est la honte du gouvernement comme la plaie du pays, et demande les plus radicales réformes.

Il se commet dans le Bengale, en moyenne annuelle, soixante mille attentats contre les personnes ou les propriétés; mais la terreur qu’inspire la police est telle qu’une grande partie des crimes restent inconnus de l’autorité. En effet les natifs s’abstiennent souvent et (faut-il le dire?) avec raison de poursuivre celui qui les a volés ou maltraités, uniquement pour échapper aux dangers du contact avec la police, même comme partie plaignante.

Montrer quelle est l’organisation de la police dans le Bengale, ce sera préciser l’état de cette administration dans l’Inde entière : les trente-deux districts de la présidence sont divisés en 469 thanahs, tous dirigés par un darogah, officier supérieur. Chaque thanah varie en étendue de 100 à 800 milles carrés, et renferme une population moyenne de 80,000 âmes. Le darogah a sous ses ordres deux officiers et une quinzaine d’agens inférieurs, burkundazes, qu’il faut distinguer des chonkeedars de village, employés d’une sorte de police irrégulière dont nous aurons à parler plus loin. Les darogahs sont divisés en trois classes, qui reçoivent 50, 75 et 100 roupies par mois. Les officiers subalternes de police touchent un salaire de 7 roupies, et les burkundazes 4 roupies seulement. Les employés de la police n’appartiennent pas tous à une même caste ou à une même croyance, ils sont pris indifféremment dans les rangs de la population chrétienne, musulmane ou hindoue.

A la première nouvelle d’un crime, il est du devoir du darogah de se rendre au lieu désigné, de recevoir les dépositions de la partie

  1. Quelques chiffres compléteront ces détails en faisant connaître le nombre des employés natifs en 1849 et le taux des traitemens répartis entre eux à cette époque. Depuis l’année où on les a recueillis, ces chiffres ont peu varié. L’administration indienne comptait alors dans ses rangs 24,118 employés touchant par mois de 2 à 4 roupies, — 11,417 de 4 à 8, — 3,504 de 8 à 12, — 1,767 de 12 à 16, — 618 de 20 à 25, — 613 de 25 à 30, — 572 de 31 à 40, — 722 de 41 à 50, — 153 de 51 à 60, — 86 de 61 à 70, — 177 de 71 à 80, — 20 de 81 à 90, — 357 de 91 à 100, — 37 de 104 à 125, — 98 de 130 à 150, — 22 de 156 à 200, — 41 de 209 à 250, — 13 de 260 à 300, — 39 de 310 à 350, — 32 à 400, — 11 à 450, — 1 à 500, — 9 à 600, — 1 à 750, — 1 à 1,200.