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rassuré les esprits timides. Il payait parfaitement le droit. Qu’un homme impartial étudie, dans ses origines et dans ses rapports avec les modifications successivement apportées au tarif des douanes, l’art. 34 de la loi du 17 décembre 1814, dont on s’appuie pour prétendre que la loi est le seul instrument. Avec lequel il soit permis de toucher à la prohibition : il reconnaîtra bien vite que c’est là une disposition désormais caduque. Le gouvernement cependant, par un scrupule honorable en soi ; ou par esprit de ménagement, crut convenable d’associer le corps législatif à la mesure, en faisant de la levée des prohibitions l’objet d’une loi. Malheureusement, par l’effet de causes toutes fortuites, le projet de loi fut présenté tardivement, lorsque le corps, législatif n’était plus qu’à quelques jours de la clôture de la session. Les intérêts, privés qui profitent ou croient profiter de la prohibition ; tirèrent parti de cette circonstance avec une habileté et une activité, qu’on doit admirer, tout en regrettant qu’il en ait été fait un pareil usage. Ils entreprirent de faire vivre la prohibition, que l’on supposait morte, et dont il semblait qu’on ne dût plus s’occuper que pour en célébrer les funérailles. Le ban et l’arrière-ban furent convoqués, ce qui était facile, au moyen d’une forte organisation qu’on s’était donnée de longue main, et ils apportèrent avec eux une montagne d’objections. Le projet de loi, qui ne péchait que par excès de circonspection, car en général les droits proposés pour remplacer la prohibition étaient exorbitans, fut sérieusement représenté ; comme mettant l’industrie nationale en danger. C’est en vain que le gouvernement, par une seconde édition du projet, augmenta encore ces droits démesurés : le corps législatif, entraîné par l’influence prohibitioniste, se sépara sans que le projet fût discuté.

À peu de temps de là, les conseils-généraux des départemens se réunirent. Ils résistèrent, beaucoup mieux que le corps législatif aux pressantes démarches du parti prohibitioniste ressuscité. Dans cinq ou six départemens tout au plus, ils se prononcèrent pour la prohibition. La campagne des prohibitionistes cependant ne fut pas stérile : le 17 octobre 1856, le Moniteur a parlé, et, tout en maintenant le principe de la levée de toutes les prohibitions on en ajourne l’application : au 1er juillet 1861, ce qui laisse aux prohibitionistes les plus grandes espérances. Parmi les causes de ce revirement, il paraît qu’on doit compter le rapport de M. Mimerel., C’est ainsi un document historique dont il sera parlé dans mille ans d’ici, lorsque quelque Heeren du temps récrira l’histoire du commerce dans l’antiquité. À plus forte raison pour l’époque actuelle cette pièce est-elle d’un intérêt considérable.

La thèse que soutiennent les prohibitionistes par l’organe de leur