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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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30 novembre 1856.

Verrons-nous prochainement la politique générale du continent changer de face et se simplifier ? Ce n’est point sans efforts et sans peine à coup sûr qu’on sera parvenu à toucher ce but auquel tout le monde aspire sans l’apercevoir encore. Quand on regarde l’ensemble de la situation de l’Europe, on voit qu’il y a toujours de grandes et de petites questions, des complications obscures, des faite dénués d’importance en eux-mêmes et souvent aggravés par les commentaires irritans ou confus que les journaux diversifient à l’infini. La seule chose certaine, c’est que l’Europe marche à tâtons à travers tous ces défilés dans lesquels elle s’est engagée un jour où elle croyait sérieusement revenir à la paix. Les gouvernemens sont occupés à retrouver leur direction, à rechercher leurs alliances et à recomposer un terrain où ils puissent concerter une action suivie. La France et l’Angleterre, alliées d’hier et de demain, se divisent, se rapprochent ou s’observent. L’Autriche suit silencieusement son chemin, s’entendant merveilleusement à tirer parti de tout au profit d’un intérêt personnel. La Russie observe de loin ces tiraillemens de l’Occident avec d’autant plus de philosophie qu’elle y trouve un singulier avantage. La Turquie est dans le laborieux enfantement d’un ministère. En attendant, les traités continuent à n’être point observés, et la diplomatie continue à préparer une solution dont les élémens ne laissent point d’être difficiles à rassembler. En un mot, tout se croise et se mêle à la surface des affaires européennes, et sous cette surface multiple, on n’en peut disconvenir, il y a un malaise réel, incontestable, d’autant plus sensible qu’on s’efforce de le cacher, d’autant plus persistant qu’on invoque tous les remèdes, sans les croire bien efficaces. À travers tout, on le voit bien clairement aujourd’hui, depuis que le traité de Paris est devenu un objet de discussion, la question la plus grave n’est pas dans la possession de Bolgrad et de l’île des Serpens par la Russie ou par la Turquie ; elle est dans les dissidences qui se Sont élevées entre les cabinets et notamment dans les alternatives auxquelles reste incessamment soumise la première, la plus puissante