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sanscrit. Pour chacune de ces divisions, on dressa des tableaux statistiques indiquant le nom de la ville ou du village où l’école était située, la nature du local, le nom, l’âge, la caste, la religion, l’étendue des connaissances du maître et le montant de ses recettes ; le nombre des élèves, leurs castes, l’âge moyen auquel ils avaient commencé et l’âge moyen auquel ils finiraient probablement leurs études ; enfin les livres imprimés ou manuscrits en usage dans l’école. Quant à l’éducation privée, les divers points sur lesquels devait porter l’en quête furent à peu près les mêmes. Ainsi les tableaux établissaient, dans une circonscription territoriale donnée, le nombre de familles dont les enfans recevaient une éducation privée ; d’autres colonnes étaient réservées pour le nom, la religion, la caste, les occupations des chefs de famille, etc. Qui connaît même très superficiellement les hommes de l’Inde, leurs habitudes de mensonge, leurs allures timides, les obstacles du climat, la difficulté des communications, comprendra facilement tout ce qu’il fallut à M. Adams de patiente énergie et de sagacité pour réunir avec quelque exactitude les documens de cette statistique herculéenne.

Ces préliminaires établis, examinons, le rapport de M. Adams à la main, les diverses conditions où se trouve l’enseignement public dans la société native pure de tout contact avec la civilisation Européenne, cet enseignement qui subsiste aujourd’hui tel qu’il existait Il y a deux mille ans. Et d’abord où l’école se réunit-elle ? Dans les conditions les plus splendides et les plus comfortables, le local d’une école indienne 3e compose d’une cabane à toits de chaume, à murs de boue et de branchage, dont la valeur ne dépasse jamais une vingtaine de roupies ; mais ce sont la les établissemens de luxe, l’exception. Le plus souvent il n’y a point de bâtimens affectés à l’école, elle se rassemble dans un temple, au coin d’une boutique, sous un arbre, quelquefois même en plein air. Quant au maître, aux termes des lois religieuses, il devrait appartenir à la caste des écrivains. la du moins la barrière des préjugés hindous a été en partie démolie, et l’on trouve à la fois parmi les maîtres des brahmes de l’ordre le plus élevé et des parias des castes les plus basses. Le salaire du maître d’école est payé soit en argent, soit en présens de riz, blé, tabac, en tenant compte de tous ces élémens de recette, on trouve que le salaire des maîtres d’école varie de 2 roupies 5 anas à 6 roupies par mois. Faut-il dire que ces faibles appointemens rétribuent et très largement le peu de manne scientifique que les mentors cuivrés sont capables de distribuer à leurs pupilles ? Ce sont pour la plupart des hommes simples et ignorans, qui enseignent mécaniquement le peu de connaissances qu’ils ont mécaniquement apprises, sans tenter de sortir des limites de l’éducation la plus élémentaire,