L’éducation de Charlotte s’était faite dans la solitude et le chagrin ; ses œuvres furent enfantées dans la douleur. Représentons-nous bien la vie de Charlotte pendant les quelques années qui précédèrent l’apparition de Jane Eyre. La santé d’Anne et d’Emilie est altérée à des intervalles inégaux, mais de plus en plus rapprochés, apparaissent la terrible toux et la migraine, signes des maladies de langueur. La vue de M. Brontë s’est entièrement obscurcie. Dans l’intervalle de ses accès, Branwell mène la plus triste conduite ; il lasse la pitié et l’amour de ses sœurs. Pour satisfaire ses impérieuses habitudes, il est devenu rusé comme un sauvage et comme un mangeur d’opium. De temps à autre il trouve de l’argent on ne sait où ; alors s’aggravent à la fois sa maladie et les tourmens de ses sœurs ; puis, quand tout est fini et qu’il est forcé de s’arrêter, ses nerfs se calment, et sa santé se rétablit sous l’empire de ces privations salutaires. Pendant quatre années consécutives, son nom revient dans