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Constantin, mourut probablement en Palestine, d’où son corps dut être rapporté à Rome, car on a trouvé près de cette ville son tombeau dans son mausolée. C’est un magnifique sarcophage en porphyre, conservé aujourd’hui au Vatican, ouvrage étonnant par la difficulté que présentait une matière aussi dure. Les figures en relief très saillant qui décorent le sarcophage, et qui représentent des guerriers à cheval et des prisonniers, font voir que si à cette époque le style de la sculpture avait dégénéré, l’art de travailler les matières les plus rebelles au ciseau et la patience ne manquaient pas aux sculpteurs. Plusieurs figures qui avaient été brisées ont été remplacées ; il a fallu pour cela le travail assidu, continué pendant neuf ans, de quarante-quatre ouvriers. Ce tombeau de sainte Hélène a été trouvé hors de Rome et non dans ses thermes, dont l’emplacement est déterminé par l’église de Sainte-Croix-de-Jérusalem, qu’elle y fit élever pour déposer les reliques du Calvaire. Ces thermes avaient été construits dans les jardins d’Héliogabale, souvenir infâme que purifie à peine le nom de la pieuse impératrice.

On a placé au Vatican, en face du tombeau de sainte Hélène, celui de la fille de Constantin, sainte Constance, trouvé pareillement dans son mausolée, qui est devenu son église. La matière est semblable, et par conséquent le mérite de la difficulté vaincue est le même, ce mérite que, dans les arts comme dans la poésie, on recherche lorsqu’on ne sait plus en avoir un autre ; mais le travail est déjà bien inférieur, l’intervalle si court de deux générations, qui sépare la grand’mère de la petite-fille, se marque dans la différence qui existe entre les sculptures des deux tombeaux. Quand l’heure de la décadence a sonné, l’art tombe vite.

Le portrait de Constantin ne se rencontre pas dans la série des empereurs romains au Capitole. Il semble qu’on ait pensé que ce lieu appartenait trop aux souvenirs de la Rome païenne pour y laisser Constantin ; mais sa statue, tirée de ses thermes, a été transportée sous le portique de Saint-Jean de Latran. Elle est très convenablement placée à la porte de la basilique, hélas ! trop renouvelée, que Constantin avait fondée. Il semble veiller sur le seuil de cette église qui s’intitule fièrement la mère et la tête de toutes les églises du monde, omnium urbis et orbis ecclesiarum mater et caput. On a mis dans la main du premier empereur chrétien la croix, qu’il fit triompher. C’est ainsi qu’il voulut être représenté depuis qu’il eut embrassé le christianisme. Constantin n’est pas grand et majestueux comme l’affirme Eusèbe, son complaisant biographe, flatterie qu’a reproduite Gibbon et que dément la statue impériale. Son corps est court, ramassé, trapu, sa poitrine large, ses jambes grosses : il a une tournure de soldat. Constantin fut en effet un soldat qui se