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la petite culture n’avaient point reçu l’assistance de voies de communications perfectionnées, de marchés, de consommation plus vastes et du progrès des lumières.

La moyenne propriété s’étend sous l’empire de nos lois civiles et sous l’influence du développement économique de la société.

La culture naine n’occupe qu’une très faible fraction du territoire ; elle diminue d’importance relative, au lieu de s’étendre. Cette culture parcellaire a d’ailleurs des avantages moraux et politiques qui lui sont propres, et que des lois limitatives de la division du sol risqueraient de compromettre.

Les progrès accomplis par la richesse agricole depuis 1821 jusqu’en 1848 ont été plus considérables qu’à aucune autre époque.

Enfin la France, prise en bloc, est encore et restera un pays où domine l’étendue superficielle de la grande et de la moyenne propriété ; la terre y passe de plus en plus entre les mains de ceux qui savent le mieux la féconder. L’influence de notre loi des successions suffit à peine pour contrebalancer la force de concentration inhérente au capital et à la propriété.

En commençant cette étude, nous avons dit que nous voulions nous appuyer sur des faits ; ceux que nous avons signalés, les chiffres que nous avons produits parlent assez haut. Ces faits et ces chiffres, nous les avons puisés dans des documens officiels réunis à la suite de deux enquêtes de l’administration des finances, ordonnées par les lois de 1818 et 1850. Les circonstances au milieu desquelles ces enquêtes ont été exécutées ajoutent encore à la valeur des observations recueillies. En 1821, le classement nouveau du territoire, amené par l’aliénation des domaines nationaux, avait en très grande partie produit son effet naturel, et le mouvement normal de la propriété commençait. En 1851, on a pu constater les changemens accomplis durant la grande période de notre histoire que termine 1848, car, nous l’avons déjà fait remarquer, ce n’est pas de 1848 à 1851 que la progression de la richesse agricole a pu se développer. Nous dirons plus, les évaluations de 1851 ont été faites au milieu de circonstances défavorables, alors que le prix vénal de la propriété immobilière était avili, et que le revenu territorial se trouvait déprimé. Cependant la valeur de la propriété avait doublé à cette époque, et le revenu avait augmenté de deux tiers ! Tel est le bilan de la situation de 1821 à 1848, sous l’empire du code civil et de la libre répartition de la propriété du sol.


L. WOLOWSKI, de l’Institut.