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du Congo qu’avec ceux du Mozambique. Leur physionomie est très laide, et leur peau couleur de suie. Assujettis par les Bechuanas, qui se sont répandus en conquérans jusque dans cette contrée éloignée de celle que le noyau de leur tribu habite, ils ont adopté le costume et les armes de leurs vainqueurs. Ce costume consiste simplement en une peau attachée autour des reins, qui retombe sur les épaules, formant de chaque côté une sorte de nœud. Les femmes ne portent qu’une simple peau assez semblable à une courte chemise. Les armes son la zagaie barbelée et le bouclier en peau de bœuf.

Tout le pays des Bayéyés est coupé de rivières et de larges marais qu’ombrage, une riche végétation. Les arbres, baobabs, palmiers, sycomores, y atteignant des proportions gigantesques. Le sol est partout fertile et donne, avec peu de culture, d’abondans produits. C’est après les premières grandes pluies que les Bayéyés sèment ; ils connaissent deux espèces de grains : l’une qui ressemble au doura égyptien, et un petit millet qui donne une bonne farine. Un des arbres particuliers à cette latitude africaine, le moschoma, qui croît de préférence au bord des rivières, donne un fruit qui, pilé et délayé dans l’eau, offre une saveur douce et agréable approchant de celle du miel. Le feuillage du moschoma est épais et de couleur vert foncé, et le bois sert chez les Bayéyés à la confection des canots et de divers ustensiles d’agriculture. — Au-delà du pays des Bayéyés s’étendent de vastes plaines peu fertiles, où de loin en loin croissent quelques arbres. Cette solitude est presque entièrement abandonnée aux bêtes fauves ; mais si on continue à remonter vers le nord, les lacs et les cours d’eau reparaissent, et le sol reprend sa fertilité.

Après de longues excursions dans toute cette région et un séjour de plusieurs mois sur les bords du N’gami, M. Andersson reprit le chemin de Cape-Town par le pays des Namaquas et la vallée du Fish-River, affluent de l’Orange ; de là il a rapporté en Europe le fruit de ses travaux. Son exemple et celui du chasseur Wahlberg, bien que ce dernier ait péri victime de ses dangereux exploits, ont fait naître une noble émulation parmi ses compatriotes, et d’autres Suédois sont décidés à entrer à leur tour dans la voie des explorations africaines.

Si, après avoir suivi dans leurs recherches MM. Livingston et Andersson, nous essayons de préciser le résultat de leurs travaux, nous trouvons, en dehors des détails géographiques, de la nomenclature des tribus indigènes et des renseignemens d’histoire naturelle, deux faits neufs et d’une haute importance : le premier, c’est que, parmi les populations austro-africaines, il s’en trouve plusieurs, telles que les riverains du Chobé et du Haut-Zambeze, qui sont affables pour les Européens et aussi beaucoup plus intelligentes qu’on ne l’eût pensé. Il est à remarquer que les naturels de ce continent sont en général de mœurs bienveillantes et hospitalières partout où les mauvais traitemens n’ont pas excité leur haine ou leur défiance. Si certaines tribus du Mozambique et du Congo se montrent aujourd’hui si insociables, peut-être ne faut-il s’en prendre qu’aux marchands portugais qui entretenaient la discorde chez elles pour favoriser la traite.

Le second fait intéresse moins l’ethnographie que la géographie proprement dite. Naguère, lorsque l’on ne connaissait de l’Afrique du sud que le