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îles Færoë et aux îles Shetland, et enfin au travers des pays Scandinaves ; c’est trois ou quatre mille lieues parcourues en trois ou quatre mois, et que le lecteur parcourt en six cents pages. Puis viennent des notices scientifiques en petit texte qui peuvent, je le pense, être considérées comme de précieuses acquisitions pour la connaissance de notre globe. La relation nautique par M. Du Buisson et la partie géologique par MM. Chancourtois et Ferri-Pisani sont particulièrement remarquables par l’abondance et l’intérêt des observations scientifiques. J’ai vu avec bonheur que le dernier des trois auteurs que je viens de nommer, et qui ne s’était point encore produit devant le public, n’était pas resté au-dessous de l’idée que je m’étais faite de sa capacité quand nous avions discuté l’ensemble des travaux futurs de l’expédition. En mentionnant MM. de La Roncière et Laroche-Poncié, d’autres encore, qui n’ont rien donné dans ce volume, mais qui certes n’ont pas moins observé que les auteurs des notices scientifiques, on restera convaincu qu’avec un minimum de temps, les membres de l’expédition du Nord ont effectué le maximum d’effet utile. Il est à regretter que les observations magnétiques n’aient pas un article spécial parmi ces excellentes notices ; elles seront sans doute publiées plus tard. Il va sans dire que c’est aux notices scientifiques que je m’attacherai dans ce que j’ai à dire du voyage de la Reine-Hortense dans les mers du Nord et de deux publications anglaises où l’on s’occupe des mêmes régions.

Pour les courans de la mer, je dirai qu’on a confirmé plusieurs résultats déjà indiqués, mais qui, dans une question si compliquée et si débattue, avaient grand besoin d’un mot définitif. Nous voyons le courant d’eau tiède qui arrive d’Amérique, après avoir passé au-dessous de Terre-Neuve, venir aborder la côte occidentale de la Norvège en longeant le sud de l’Islande et en traversant le groupe des îles Færoë et celui des îles Shetland. Cette bienfaisante dérivation des mers tropicales remonte vers le nord, et à la hauteur de l’extrême Scandinavie se divise en deux parts. L’une, que nous ne suivrons pas plus loin, se lance par le Cap-Nord dans la mer glaciale d’Europe et de Sibérie, dont elle va tant bien que mal tempérer le climat, tandis que l’autre moitié remonte ou du moins remontait, il y a deux siècles au Spitzberg, qu’elle rendait habitable pour les ours, les phoques, les morses et les baleines ; puis cette même partie du gulfstream, retombant à gauche, descendait vers l’île de Jean-Mayen et l’Islande, et passait entre cette île et la côte orientale du Groënland. C’était par l’effet de ce contre-courant que les bois flottans arrivés du golfe du Mexique par le gulfstream venaient échouer sur la plage septentrionale de l’Islande. Un grand navire abandonné, et qui a été vu deux fois par l’expédition, a confirmé la direction et la vitesse de ce