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pour se rétrécir infailliblement plus loin et même se perdre complètement, comme si la matière encore molle avait été violemment déplacée dans son lit de dépôt par des mouvemens intérieurs. Cette succession de renflemens et d’amincissemens donne même souvent à la couche l’apparence d’un chapelet à grains lenticulaires ; dans ces amincissemens ou crains, alors même que le charbon a disparu, une trace reste le plus souvent visible à l’œil exercé du mineur. Tous ces accidens sont évidemment locaux.

Aux accidens généraux se rattachent nécessairement les plissemens des couches. Les petits bassins lacustres sont d’ordinaire disposés en fond de bateau, parce que dans les deux sens le terrain a été longitudinalement relevé, plus ou moins également, de manière à offrir grossièrement en coupe la y forme d’un arc de cercle qui tourne sa convexité vers le bas. À la superficie, un tel bassin est figuré, dans le cas le plus simple, par une courbe fermée ; la profondeur y croît du centre vers les bords, relevés par les collines du terrain primaire. Mais le type le plus nettement accusé des plis que peut offrir le terrain houiller est le bassin belge, dont nous possédons une portion en France : les couches y forment des zigzags tels qu’on ne peut mieux en donner une idée qu’en en comparant la coupe par un plan transversal à une série de W. Ce fait caractéristique a été produit par une compression violente dans le sens de la largeur du bassin, dont toutes les couches si nombreuses sont régulièrement emboîtées les unes dans les autres par les angles saillans et rentrans, chaque série de plis étant placée sensiblement dans un même plan et les plans de ces plis étant parallèles. Ces plis, souvent extraordinairement brusques, déterminent une série de bassins juxtaposés longitudinalement, dont l’ensemble offre d’ailleurs également des plis longitudinaux. À cela près, les couches du bassin pélagien sont moins irrégulières que les couches des bassins lacustres, où les accidens contemporains de l’époque même du dépôt ont laissé relativement plus de traces.

Enfin le terrain houiller présente une série fort importante d’accidens, tantôt généraux, tantôt locaux, auxquels on donne le nom de failles. Ce sont des interruptions produites, sans relation aucune avec l’allure des couches, par des masses plates de matériaux stériles dont l’épaisseur varie de quelques décimètres à plusieurs mètres. Ces interruptions, accompagnées d’amincissemens et d’étiremens de la houille, ont surtout pour résultat de rejeter soit en haut, soit en bas, certaines portions de couches qui ne se trouvent plus ainsi au même niveau de chaque côté de la faille. Il y a eu dans ce phénomène une rupture du terrain houiller et un glissement brusque d’une partie de celui-ci. On trouve ainsi dans un bassin un ensemble