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par des massifs stériles, plus ou moins considérables, essentiellement formés de poudingues et de grès. On avait primitivement supposé, avec une apparence de raison qui s’est heureusement évanouie devant une plus grande somme de connaissances acquises, que la ligne de partage des vallées du Rhône et de la Saône était également la ligne de séparation de deux bassins distincts, empruntant leur nom aux deux grandes cités manufacturières qui se sont élevées sur ces centres houillère, à Saint-Étienne et à Rive-de-Gier. Nul n’était mieux préparé à discuter cette hypothèse que M. Gruner, ingénieur en chef des mines, qui a consacré une partie de sa vie à une étude approfondie du terrain houiller de la Loire : il a montré que les deux groupes houillers de Saint-Étienne et Rive-de-Gier ne formaient en définitive qu’un bassin unique ; il a défini nettement les rapports de superposition et la situation relative des couches désormais communes, en même temps qu’il indiquait l’étendue probable de chacune d’elles et qu’il inventoriait approximativement la richesse houillère du département de la Loire. On aperçoit tout de suite les conséquences industrielles d’études géologiques conduites avec cette persistante sagacité que le succès manque rarement de consacrer. Le prolongement de ces couches de Rive-de-Gier, à la fin desquelles on pouvait se croire arrivé, augmente immédiatement notre fortune houillère de toute la quantité de houille qui reste encore à extraire en ce point de notre territoire. — D’un autre côté, le bassin prussien de Sarrebruck et le bassin de la Belgique vont nous offrir deux exemples bien remarquables des nouveaux gîtes de houille que des travaux de recherche menés à grands frais et avec une patience extraordinaire ont récemment conquis à l’industrie française. Là encore nous rencontrerons des membres du corps des mines contribuant activement au développement de la richesse houillère du pays.

« On rapporte, lit-on dans un ouvrage sur le bassin houiller de la Sarre[1], que la manière dont le terrain est limité à l’ouest de la Sarre ne fut pas sans influence sur la division du territoire entre la Prusse et la France, définitivement adoptée par la convention du 20 novembre 1815, et que la frontière entre Sarrebruck et Sarrelouis fut tracée en vue de priver cette dernière des richesses qu’elle avait possédées pendant vingt et un ans. Que le fait soit vrai ou non, et l’on conçoit en tout cas que les Allemands tinssent à rentrer en possession de richesses auxquelles ils avaient à coup sûr des droits antérieurs à ceux de notre conquête, il est certain que le terrain houiller est apparent en Prusse, tandis qu’il ne se montre point dans le département de la Moselle. Il est à peine besoin de dire que

  1. Études géologiques sur le bassin houiller de la Sarre, par M. Jacquot.