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que le mineur allemand porte figurés en croix sur sa casquette ; il faut y joindre des coins et des leviers en fer, ainsi que tout l’attirail du tirage des rochers à la poudre ; la dureté du terrain détermine si l’on doit faire usage du pic, de la pointerolle ou de la poudre. Ce dernier procédé, qui a été introduit dans le travail des mines au commencement du XVIIe siècle, est exclusivement employé aujourd’hui pour l’entaillement des roches les plus résistantes, excepté lorsqu’il s’agit de travaux très réguliers où la pointerolle reprend légitimement son ancien empire. Dans les gîtes de houille, le mineur trace avec le pic, soit à la base du massif, parallèlement à la couche, soit en un point quelconque d’un lit argileux, un sillon profond ; il découpe perpendiculairement le massif de chaque côté, puis le détache en enfonçant une série de coins à la partie supérieure de la couche, ou en se servant de la poudre quand il s’agit d’une houille dure.

Les méthodes d’exploitation de la houille varient, on le conçoit, selon la nature et la disposition des gîtes. Sans entrer à ce sujet dans des détails qu’il faudrait multiplier à l’infini, je me bornerai à indiquer le procédé usité pour exploiter une mine de houille placée dans des conditions moyennes à tous égards. On atteint les couches le plus bas possible par un puits, dont la coûteuse installation exige la connaissance la plus approfondie de l’allure de ces couches. Ce puits est ensuite relié aux couches, à divers niveaux, par des galeries menées perpendiculairement à la direction des masses houillères. À partir du point où la couche est rencontrée par le puits ou par ces galeries, on mène d’autres galeries, qui découpent la touche en massifs rectangulaires dont les dimensions horizontales sont en relation avec la solidité du terrain. Dans cette première période, les galeries faites dans le charbon donnent des produits ; on procède, dans une seconde période, à l’enlèvement des massifs houillers, en commençant dans la région la plus éloignée et en revenant toujours vers le puits d’extraction. Dans le bassin du nord, où les couches sont nombreuses et peu puissantes, les remblais fournis par les matières stériles tirées du gîte sont assez abondantes pour soutenir les excavations provenant de l’extraction du combustible, sans cependant en remplir complètement les vides. La pose de ces remblais est un travail différent de celui de l’abatage de la houille, et confié à des ouvriers spéciaux qui viennent, à la fin de la journée, consolider les excavations faites par les ouvriers préposés à la partie principale de l’exploitation. Dans la majorité des cas, les remblais fournis par les matières inertes sont tout à fait insuffisans, et on se borne à les utiliser pour en faire, suivant les circonstances, des piliers situés à égale distance ou des murs continus, qui ne forment qu’un soutènement