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dans toute votre force, et prêtez votre appui à ceux qui combattent pour nos droits.

« Les tyrans ont parlé ; ils ont dit avec orgueil qu’ils fermeraient les fabriques et nous priveraient de notre pain, qu’ils nous forceraient à recevoir, humbles et soumis, les gages qu’on jugerait à propos de nous donner.

« Sans doute ils ont oublié, eux les forts et les orgueilleux, que nous sommes décidés à revendiquer notre héritage ; mais, quoique nous soyons pauvres et indignement opprimés, le vieux courage anglais vit encore dans nos cœurs.

« Comment ! nous, enfans de l’Angleterre, nous qui nous vantons d’un sol inviolable, retournerons-nous au travail, et nous soumettrons-nous humblement à recevoir les gages que ces maîtres opulens voudront bien nous donner ?

« Nous ne voulons pas en imposer, nous ne visons pas à la souveraineté ; nous ne demandons que des gages qui nous fassent vivre. C’est là ce que nous réclamons énergiquement, et nous ne faiblirons pas avant d’avoir obtenu notre dix pour cent.

« Étrangers et amis, de près et de loin, vous avez versé à pleines mains les fonds pour nous aider dans cette guerre. Nous avons toujours besoin de votre aide, et nous comptons que vous ne cesserez pas d’appuyer la cause commune.

« Faut-il que ceux qui gagnent leur vie à la sueur de leur front courbent la tête devant les décrets des tyrans ? Ouvriers anglais, c’est à vous de décider si les citoyens de Preston seront esclaves ou libres.


Chaque semaine, le comité chargé de recevoir les offrandes des ouvriers du dehors et de les distribuer entre ceux de Preston rendait compte de ses opérations, et ce rapport, envoyé par toute l’Angleterre, était toujours précédé de stances dans le style de celles que l’on va lire :


« Tyrans ! suspendez vos desseins ; le ciel prend parti pour la cause de la liberté. De nobles cœurs battent en ce moment, décidés à vaincre ou à mourir. Forgez de nouveaux fers pour le genre humain, insensés ! vous ne sauriez commander aux âmes. Mettez les instrumens de la mort aux mains de vos mercenaires et de vos esclaves, la liberté triomphera tout de même.

« Enfans de cette magnifique terre, vous êtes égaux dès votre naissance. Unissez-vous d’une commune volonté ; nul ne vous dépouillera de votre petit avoir. Anglais, vous qui êtes les rois de l’onde, qui dites que vous ne serez jamais esclaves, oh ! je le demande avec douleur, êtes-vous encore des hommes libres ?

« Nous que l’on dit être l’œuvre chérie de Dieu, pourquoi souffrons-nous sous la verge du tyran ? Nous qu’on appelle les cœurs de chêne, nous nous sommes courbés trop longtemps sous le joug de la servitude ; nos membres robustes, soutenus par des muscles vigoureux, ont supporté trop longtemps le fouet des suppôts de l’oppression. Il est temps, mes amis, de commencer à être des hommes.