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UN
PAYSAN TURC

dernière partie.[1]

IX.

Une fois certain d’être bien accueilli dans la maison du paysan, Athanase y multiplia ses visites, et il ne tarda pas à y compter autant d’amis que le père de Benjamin avait de fils et de petits-fils. Quant à Mehemmedda lui-même, de nouveaux modèles d’instrumens d’agriculture, des semences de fruits étrangers, suffirent pour lui rendre nécessaires les conseils et la présence d’Athanase. Enfin les belles-filles de l’honnête cultivateur en vinrent aussi à s’intéresser au visiteur officieux qui leur ménageait l’occasion d’acheter à moitié prix tantôt des bas ou des gants de laine d’Angora, tantôt des étoffes nouvellement arrivées de Brousse, qui n’étaient en réalité que le rebut des manufactures de la Suisse. Un homme si habile en fait d’achats ne devait pas posséder à un moindre degré le génie de la vente : aussi le paysan lui avait-il confié le soin de placer à de bonnes conditions ses laines, son riz et tous les produits de sa terre. Ces marchés, où Athanase déployait réellement une admirable adresse, ne rapportaient cependant à Mehemmedda que la moitié à peine du revenu ordinaire de son travail. Quand le paysan hasardait une observation à ce sujet, Athanase lui répondait sans hésiter que

  1. Voyez la livraison du 15 novembre.