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nouvelles se créent, d’autres sont détruites, et, comme le poids total de la matière ne varie pas, cette création et cette destruction ne peuvent être que combinaison et décomposition. En même temps agissent la chaleur et l’électricité. Enfin il n’est pas besoin de démontrer que la nature du sol et celle de la graine doivent avoir une influence sur le phénomène : les élémens qui les composent doivent réagir, comme on dit en chimie, les uns sur les autres et sur les corps nouveaux qui se produisent. Suivant que la terre aura telle ou telle composition, telle ou telle combinaison sera plus facile, et une certaine plante pourra facilement pousser, fleurir et fructifier. Or quelle est la science des combinaisons et des décompositions ? C’est apparemment la chimie. Elle montre comment on peut hâter ou retarder l’union de deux substances, et si cette union est possible. Elle sait faire la part de la chaleur, de l’électricité et de l’humidité, et trouver dans cette masse au milieu de laquelle se développe le végétal quelles sont les substances qui doivent plus tard le composer, quelles sont les inutiles, quelles sont les nuisibles. Les expériences chimiques sont si simples, si faciles et si courtes, que l’incertitude et la perte de temps dont nous avons parlé disparaissent, et qu’elles peuvent être facilement exprimées dans une langue précise et claire. Longtemps les relations de la chimie et de l’agriculture ont été niées, et c’est à la fois la cause et l’effet de l’imperfection de cette dernière science, qui d’ailleurs a toujours été pratiquée par trop de monde pour faire des progrès rapides. Plus un art est universel, moins il se perfectionne. La chimie au contraire, étudiée par un petit nombre de gens instruits, est devenue en peu d’années telle que nous la voyons aujourd’hui. Ce qui est fait par tous participe aux erreurs de chacun, et de cette somme d’erreurs diverses la vérité ne saurait sortir ; mais maintenant la science doit cesser d’être exclusive, et dès qu’elle peut être utile, elle se doit à tout le monde, dût-elle y perdre un peu de sa grandeur. C’est ce qu’ont fort bien compris la plupart des chimistes de notre temps, et déjà des résultats certains ont témoigné de l’utilité de cette direction.

L’homme qui le premier a divisé les terres en argileuses, siliceuses et calcaires a fait de la chimie agricole ; on pourrait dire que la science même ne se compose que des conséquences de cette première division. Cependant la plupart de ceux qui classent ainsi les terres se bornent à ces désignations vagues. Ils ne se demandent pas pourquoi telle ou telle de ces trois espèces de terre a telle ou telle propriété et quelles sont les différences substantielles de ces espèces mêmes. Ces praticiens s’en tiennent aux généralités, ils se gardent bien d’entrer dans les détails, comme si toute idée générale n’était pas