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SOUVENIRS
D'UN AMIRAL

PREMIERE PARTIE
LA JEUNESSE D'UN HOMME DE MER

I.
UNE EDUCATION MARITIME D'AUTREFOIS.



Ce n’est pas dans la bravoure innée de nos soldats, dans la perfection de leurs armes, dans la vigueur de notre organisation militaire, ce n’est pas même dans l’habileté de nos officiers qu’il faut chercher la véritable force de notre armée de terre : cette force réside avant tout dans la puissance des traditions qui donnent à nos troupes un incontestable ascendant sur les autres années de l’Europe. Notre marine est loin de posséder le même avantage : si elle a le légitime orgueil de sa valeur présente, elle ignore ce qu’elle pourrait puiser de confiance dans une histoire dont elle ne connaît guère que les malheurs. Les fastes de la grande guerre dont la révolution a donné le signal sont remplis de tristes et féconds enseignemens que nous avons mis à profit. L’organisation actuelle de la flotte est le fruit de ces leçons. Il ne reste plus aujourd’hui qu’à réconcilier notre jeune marine avec ses ancêtres et à lui montrer qu’à côté des grands événemens qui tournèrent contre nous, il s’accomplit une foule de faits d’armes dont nous pouvons invoquer les