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zootechnie a été fondé à Paris ; la Société d’acclimatation s’est fondée. Sous l’habile direction de M. Isidore Geoffroy, cette société a pris un développement remarquablement rapide. Née il y a quatre ans à peine, elle réunit dans une pensée commune des hommes de tout rang, de toute fortune, de toute profession, qui tous viennent demander à la science de féconder leurs efforts pratiques ; elle a des représentans dans les quatre parties du monde et compte dans ses rangs plusieurs têtes couronnées. Certes le zoologiste le plus dévoué ne peut que saluer avec joie un mouvement qui popularise notre belle science, et lui donne de plus en plus dans l’opinion publique un rang égal à celui que ses sœurs avaient conquis précisément par leurs applications.

En même temps qu’elle se développait dans les divers sens que nous venons d’indiquer, la zoologie devenait de plus en plus anatomique. À part quelques entomologistes, quelques conchyliologistes, quelques ornithologistes incorrigibles, et qui tiennent plus de l’amateur que du savant, les zoologistes comprennent aujourd’hui que, pour connaître un animal, il faut l’étudier en dedans aussi bien qu’en dehors. En ce sens, on peut dire qu’ils sont tous à des degrés divers les disciples de Cuvier.

Ils ne le sont pas moins de Geoffroy Saint-Hilaire. Sans prétendre, sans croire peut-être s’occuper d’anatomie philosophique, les débutans eux-mêmes en font à chaque instant. Journellement, à propos d’un animal quelconque et des espèces appartenant aux groupes les plus différens, on applique les règles formulées par Geoffroy, sans même les rappeler. Rien, ce nous semble, ne prouve au même degré tout ce qu’il y avait de profondément vrai dans ces découvertes, qui datent à peine d’un demi-siècle. Elles sont si bien entrées dans le savoir public, qu’on en oublierait l’auteur, si ceux qui ont été presque ses contemporains ne rappelaient son nom de temps à autre. Cela même rend plus étrange l’oubli où semble être tombée la zoologie tératologique. Sans doute, lorsqu’on rencontre un de ces êtres bizarres dont un arrêt ou un excès de développement a profondément altéré les formes, on est bien forcé de le remarquer ; mais presque toujours on se contente d’en décrire l’extérieur, de le nommer, de le placer dans un bocal, comme si on regrettait de le détruire en le disséquant. Rien d’ailleurs ne vient réunir ces faits isolés et épars dans une foule de recueils. Depuis l’ouvrage de M. Isidore Geoffroy, la tératologie n’a pas fait un véritable progrès. Seule de toutes les branches de la science, elle subit un temps d’arrêt marqué, et ce fait est d’autant plus à regretter, que par sa nature elle touche à toutes les autres, à la zoologie pure comme à la physiologie.

En revanche, l’anatomie générale a pris un développement des