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puis les pattes, puis une portion seule de ces dernières servent à la respiration. Le tube digestif lui-même est souvent utilisé au profit de cette fonction. Chez les mollusques tuniciers, qui occupent le dernier rang de leur embranchement, la portion du canal alimentaire qui représente la bouche et l’arrière-bouche remplace les branchies qu’on trouve chez leurs frères plus élevés. Au contraire la fonction respiratoire est dévolue à la partie postérieure du tube digestif dans quelques naïs, dans quelques annélides inférieures, et dans la larve de ces beaux insectes que tout le monde connaît sous les noms de libellules ou de demoiselles. Toutes les fonctions primaires, secondaires, etc., examinées une à une, nous présenteraient des faits analogues. Il est facile de, voir comment dans ce cas encore l’économie devient une cause de variété.

Nous pourrions emprunter, soit à l’ouvrage de M. Edwards, soit à nos propres souvenirs, une foule d’autres exemples de cette espèce d’avarice ; dans les moyens alliée à la plus magnifique profusion dans les résultats ; nous nous bornerons à un seul, important à signaler à raison des conséquences qui en découlent.

Rappelons d’abord que le règne animal présente quatre types fondamentaux nettement caractérisés et distincts les uns des autres, lors même que par une abstraction tout idéale on les réduit à de simples lignes. L’observation et l’expérience, l’anatomie aussi bien que l’examen extérieur, ont depuis longtemps fait justice de l’idée d’une série animale unique conduisant de l’éponge jusqu’à l’homme. La paléontologie, l’embryogénie, interrogées à leur tour, ont donné sur ce point la même réponse. La première a certainement comblé des vides et adouci des transitions, mais elle n’a nullement réuni les vertébrés à aucun des trois autres embranchemens, elle n’a pas détruit les différences essentielles qui séparent ces derniers les uns des autres. La seconde a montré chacun des quatre types se prononçant alors que le germe mérite encore à peine le nom d’embryon. Dès les premiers âges du monde comme dans les premiers temps du développement, l’animalité à la surface du globe, l’individu dans son œuf, nous apparaissent sous l’une des quatre formes qu’a précisées le génie de Cuvier. Tout animal est vertébré, annelé, mollusque ou rayonné. Chacun de ces quatre grands troncs se divise ensuite en branches donnant elles-mêmes naissance à des rameaux et à des ramuscules. Ces divisions secondaires ou tertiaires ont aussi leurs caractères propres, essentiels, écartant de toutes les autres les espèces qui les composent.

Or, — et c’est ici que la loi d’économie se montre dans toute sa puissance, — la nature n’a pas imaginé pour chacun de ces embranchemens, pour chacune de leurs dépendances, des moyens particuliers