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III.

Le consulat gardait encore, au milieu de la décrépitude de Rome, quelque chose de ses splendeurs originelles. C’était toujours la suprême magistrature devant laquelle s’inclinait jusqu’à la puissance des césars, car les empereurs populaires se faisaient gloire de suivre à pied la litière des nouveaux consuls lors de leur entrée en charge : Julien et Théodose avaient donné cet exemple. Malheureusement les honneurs du consulat ne duraient qu’un jour; le lendemain, tout rentrait dans l’ordre que des nécessités successives et fatales avaient imposé au monde romain. Ainsi réduite à la valeur d’un pur cérémonial et d’un hommage offert au passé, l’entrée en charge des magistrats consulaires mettait encore en émoi tous les habitans de Rome. Au matin des calendes de janvier, dès que le crépuscule commençait à paraître, grands ou petits sortaient de leurs maisons pour aller saluer dans la sienne l’heureux personnage qui devait attacher son nom à la nouvelle année. Les sénateurs s’y rendaient en corps, vêtus de la toge et précédés de licteurs qui écartaient avec leurs faisceaux la foule, déjà nombreuse dans les rues et sur les places; les soldats partaient de leurs casernes en longues files, sans armes ni insignes militaires, mais costumés de larges robes blanches, dont le bord, relevé et rejeté sur l’épaule gauche, s’attachait par derrière à une ceinture; les hommes qualifiés étalaient les marques de leur rang, la plèbe ses plus belles parures. Une litière de six ou huit porteurs à casaques bariolées stationnait près de la demeure du consul, pour le conduire aux diverses stations qu’il devait parcourir avec son cortège. La première était le Capitole, où s’accomplissait la cérémonie de l’inauguration; de là il passait à la curie, où le sénat siégeait quelques instans sous sa présidence, puis au grand Forum, où il haranguait le peuple du haut des rostres. Au forum de Trajan, il procédait à quelques affranchissemens d’esclaves par la formule du soufflet, et la journée se terminait soit au théâtre, soit au cirque, où le consul payait sa bienvenue par des représentations somptueuses qui souvent dérangeaient sa fortune. Tel était le cérémonial usité encore au Ve siècle. Quand le prince daignait être consul, l’entrée en charge tirait un éclat tout particulier des panégyriques en vers et en prose qui s’y prononçaient, de l’affluence du cortège, de la magnificence du palais où l’on venait saluer le nouveau magistrat, enfin du site même où s’élevait ce palais.

La demeure des césars, bâtie par Auguste et agrandie par ses successeurs, occupait, comme on sait, le sommet du mont Palatin, et